Une bien envoutante histoire de Catherine Martin, qui nous emmène dans un passage de l'enfance à la vie adulte, entre mélancolie et poésie douce amère mêlée d'ambigüité malaisée, dans un décor superbe d'une beauté sauvage qui émeut et étreint autant que la trame et ses protagonistes sont irrésistibles.
Peu de temps avant sa mort, la mère de Chantal lui montre une photo d’une plage de Gaspésie qu’elle avait prise à un moment heureux de sa vie. L’adolescente de 14 ans, d’un caractère renfermée, décide après le décès, de se rendre sur ces lieux, afin d'y retrouver la magie et l'âme de la défunte. Sans plus d'argent, désespérant de ne trouver l'endroit, elle demande du travail auprès de Serge, un fermier trentenaire qui la recueil inanimée sur le bord de la route. Introverti lui aussi, il lui offre gite et couvert, emploi et aide dans sa quête. Malgré tout méfiants, ils se dévoilent lentement mais sûrement, et Chantal découvre la beauté de la nature et de la vie, mais aussi les difficultés de la paysannerie dans la région.
A travers son œuvre, la réalisatrice rend un hommage appuyé à Mouchette de Robert Bresson d'après le roman de Bernanos. Elle y relate la situation dramatique des paysans de Gaspésie avec un regard amoureux du métier. Pourtant, si cette histoire, langoureuse à souhait est belle à suivre, avec ses protagonistes très attachants,
l'image finale me laisse plus que dubitatif. En effet, si l'éveil à la vie de cette jeune fille après le terrible deuil qui l'étreint en si jeune âge, l'ambigüité de ce qui semble etre une romance me laisse perplexe de part le très jeune âge de la gamine mais aussi du contexte. Sans quoi la trame est émouvante, sur une mise en scène sensible.
D'autant que les interprètes sont de qualité avec l'excellente Ariane Legault qui dégage une formidable émotion qui hante longtemps. Il en est de même de Sébastien Ricard et de la belle Marie-Ève Bertrand. Participent avec conviction, Jean-Marc Dalpé et Hélène Florent, comme Hugues Frénette et Marie-Hélène Montpetit.