Par bobmorane75
Beau premier long métrage de Nolwenn Lemesle sur un thème forcément classique de l’adolescence et du passage à la vie adulte, mais traité dans un cadre et une ambiance, dans un style et une mise en scène qui ne laisse pas indifférent, et hante longtemps par la fragilité des liens et l'appel à l'amour et à la liberté.
Erell est une adolescente qui vit avec ses parents, entre un père immature et une mère dépressive depuis la disparition de leur fille ainée Sarah, quatre ans plus tôt. Délaissée, elle filme son quotidien, sa famille et ses potes qui reflètent un mal être, un manque d’amour et la cruelle situation dans laquelle sa sœur l’a mise. Celle-ci revient brusquement avec son mari, et enceinte jusqu’aux yeux. S’instaure alors une ambiance de fête, d’attente d’explications et d’excuses qui usent et tardent à crever l’abcès des angoisses et incompréhensions comme des déceptions.
C’est filmé en parti en found footage reportage, dont la narration se suit entre séquences et interviews qui relate des manques de dialogue, d’amour de la mère qui a sa préférence pour l’ainée, de potes à la marge, dans un environnement entre campagne du nord et classe ouvrière, sans jamais sombrer dans le misérabilisme. J’ai aimé et me suis laissé balader dans cet univers poignant de cette jeune fille dont personne ne se rend compte à quel point elle souffre d’être aussi invisible pour tous, d’avoir du porter le secret de sa sœur, et de vivre dans une atmosphère dépressif. Pourtant, il règne sans cesse un positivisme à tout épreuve, et un humour qui toujours désamorce et évite le pathos. Le regard ne juge jamais personne, ni ne prend parti restant neutre quoiqu’il arrive donnant cette force de vie.
Le casting est à la hauteur des personnages avec une Adèle Exarchopoulos (La vie d'Adèle) qui est excellentissime d’humour et d’émotion, face à une Zabou Breitman (24 jours) époustouflante, et d’un Tchéky Karyo (Belle et Sébastien) extraordinaire qui nous change de ses rôles récurent. Adélaïde Leroux (D'amour et d'eau fraiche) et Martin Pautard (Mohamed Dubois) sont parfaits, de même que Bruno Lochet (Supercondriaque), auquel suivent dans le trio Côme Levin (Malavita), Grégory Gatignol (La nouvelle guerre des boutons) et Théo Cholbi (Tristesse Club) qui sont excellents, ou encore Jason Sperry et Aurélie Lemanceau.
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