Jolie et amusante version moderne du conte des ondines, dont Neil Jordan s'est inspiré en y apportant une belle et sympathique originalité avec beaucoup de poésie et d’émotion.
Un pêcheur irlandais remonte dans son filet de pêche une belle et intrigante jeune femme. Il est évident qu’il ne s’agit pas d’une sirène, car elles vivent dans les mers et ont une jolie queue de poisson, ce qui n’est pas le cas ici, mais semblerait être une belle ondines des fleuves. Perplexe, il l’a ramène chez lui, et bien que discret, sa gamine découvre cette étrange inconnue qui correspond tant aux descriptions du mythe. Se tissent des liens entre la belle jeune femme et le pêcheur sur fond de légendes qui troublent le village, bien que mythe et réalité ne se rejoignent pas forcément, sauf l’amour…
J’ai beaucoup aimé la subtilité du récit qui nous prend dans son filet de mystères et de la magie du conte sans que l’on prenne garde aux événements qui surviennent progressivement. La réalisation, sur une mise en scène élégante, douce et laissant planer le mystère et le charme poétique qui nous amène à un final inattendu plein de surprises jouissives, m’a beaucoup emballé. La musique envoutante y est aussi pour beaucoup, donnant aux paysages et ambiance surréaliste insane qui trouble et envoute.
Petit retour quand aux sources de la légende qui vaut son détour. En effet, Les ondines - ondins au masculin- issues de la mythologie germanique et alsacienne, sont des génies des eaux. A la différence des sirènes, Ondine est une nymphe ou naïade qui ne fréquente pas la mer, mais les eaux courantes, rivières, cascades, étangs, et fontaines, et n’a pas de queue de poisson. On la retrouve l’été, assise sur la margelle des fontaines, qui se peigne ses longs cheveux. Celles qui ont de beaux cheveux couleur d’or possèdent d’immenses trésors qu’elles conservent dans leurs palais aquatiques. En allant plus loin, sans rapport avec le film, ondine s’est dérivée vers le syndrome d’Ondine, mort subite du nourrisson ou chez des adultes qui ont des difficultés respiratoires. A l’origine, la légende relate qu’Ondine, pour punir son mari simple mortel, lui ôta la possibilité de respirer automatiquement, qui en mourut lorsqu'il s'endormit. Plus amusant, l’ondinisme relate des jeux sexuels à base d’urine, tels que l’urolagnie, l’urophilie, douche dorée ou pluie dorée, jusqu’à l'omorashi (mouiller la culotte).
Nous changeant de ses personnages récurent habituels, Colin Farrell (Un amour d’hiver) se fait plus humain, tendre et émouvant, face à la très belle Alicja Bachleda-Curus, qui devint un temps sa compagne et mère d’un gamin, et qui apporte une fraicheur troublante et émouvante. La jeune Alison Barry est excellente de conviction marquante. De même que Dervla Kirwan est convaincante, ainsi que Don Wycherley et Emil Hoştină (Harry Potter), comme Tony Curran (Thor) et Jacob O'Reiley, ou Stephen Rea (Asylum) et Marion O'Dwyer.