Sortie événement de Richard Linklater qui a filmé durant douze ans, à raison de trois semaines par an, les mêmes acteurs, grandissants, mûrissants et vieillissants, avec donc une évolution naturelle et fluide dans la trame et la vie des protagonistes comme dans la vraie vie.
Une tranche de vie, vue par Mason, un gamin dont le père immature ne le voit avec sa sœur Samantha que de temps à autre. Une mère attentionnée qui se plante dans le choix de ses mecs, correspondants souvent au même profil de connards, dans une recherche d’hommes fermes qui le sont beaucoup trop. Une vie de huit à vingt ans, période cruciale dans le développement et le devenir de Mason, qui bon gré mal gré traverse le passage de l’enfance, de l’adolescence vers la vie adulte par diverses phases, balloté par les vicissitudes de la vie.
Richard Linklater s’est inspiré de sa propre vie et de son vécu, racontant son enfance et ses relations avec ses parents. Il prend aussi de nombreuses références à son premier film Génération rebelle, qui narrait déjà le passage à la vie adulte d'étudiants lors du dernier jour en fac, en une sorte de préquelle. Sur un script solidement écrit, et pour cause, la réalisation coule en effet de source, dans une mise en scène solide. C’est très fluide, intelligemment et solidement construit et monté. L’histoire se suit avec intérêt, d’autant plus que le vieillissement est naturel, tant physique que psychologique au fil de la progression de la vie.
J’ai bien compris que le personnage principal est le garçon, boyhood dit tout, mais quelque part m’a gêné aussi cet egocentrisme, son unique centre d’intérêt préféré au détriment de la sœur, qui du coup n'a plus l'intérêt du début. Et pour cause, à travers cette fiction, le réalisateur racontant sa propre vie, quand il n'a pas eu de sœur. D’ailleurs, à l’origine, elle ne devait pas exister, et c’est sur l’insistance de sa propre fille, qu’il lui a crée ce rôle, sans vraiment savoir quoi en faire, non prévue, non utile et ça se sent. C’est un film autobiographique qui devient vite bancal. Alors oui, c’est maitrisé, et sympathique à voir les personnages évoluer au fil des années, de grandir naturellement, avec de l'émotion sincère.
Etonnement, je n’ai pas été très convaincu par Ellar Coltrane, que j'ai trouvé un peu hésitant. J’aime beaucoup Patricia Arquette (Dans la tête de Charles Swan III) qui dégage en plus de son talent, une très belle sensibilité, tout comme l’excellent Ethan Hawke (Getaway) qui est absolument parfait. La jeune Lorelei Linklater, la fille du réalisateur, est marquante.