Thriller sur fond de far west d’Anthony Mann, d'après le roman The border jumpers de Will C. Brown devenu depuis un grand classique, et qui captive avec toujours autant de force de par son drame psychologique quand à la culpabilité et la rédemption, qu’avec cette terrible violence bestiale qui nous prend aux tripes tant l'atmosphère est sombre, froid et austère mais toujours avec une justesse dans les effets et les regards souvent sous entendus.
A la suite de l’attaque ratée d’un train, Link Jones qui se rendait avec une forte somme de son village pour trouver une institutrice, ainsi que la belle chanteuse Billie Ellis et un vieux joueur professionnel, se retrouve perdu dans la campagne à des kilomètres de la prochaine ville, leur train les ayant abandonnés au court de l’attaque. Pas si perdus que cela, car Link semble bien connaitre la région dont une vieille ferme abandonnée vers laquelle il emmène ses compagnons d'infortune. Le dit lieu est certes en piteux état, mais pas si désert que cela. Il est en effet occupé par les assaillants du train, qui de surcroit le connaissent bien, car ancien complice repenti les ayant quitté quinze ans plus tôt. Le chef espère reprendre son ancien protégé pour une nouvelle attaque. Un huis clos étouffant d'extrême violence menace le trio. La situation est tendue, surtout pour la jeune femme qui attise bien des convoitises.
Avec une mise en scène d'une superbe maitrise, c'est l'une des meilleures réalisations qui m'ait passionnée. Le récit est diaboliquement fort et terriblement violent même quand on ne voit pas les actes comme les viols. Mais celle du striptease de Billie avec le couteau sous la gorge de Link, ou les morts dans la ville abandonnée. Les profils psychologiques des protagonistes sont d'un machiavélisme éprouvant de force et d'angoisse, et même émouvant avec cette histoire d'amour naissante, qui nous prend au cœur de part sa franchise. Beau film donc, sombre et violent, triste et terrible.
Gary Cooper (Dallas ville frontière) était une fois de plus fabuleux, face à la belle et très émouvante Julie London qui était terriblement marquante dans Libre comme le vent, qu'elle avait déjà joué avec Royal Dano (Libre comme le vent). Les Lee J. Cobb (Boomerang) et Arthur O'Connell (Milliardaire pour un jour), comme Jack Lord, John Dehner (Bronco apache) ou encore Robert J. Wilke (Amour et fleur sauvage), sont terriblement marquants.