Film dramatique de Nick Cassavetes (Alpha dog) quelque peu dérangeant à bien des égards, de part une réécriture hasardeuse d’après le roman de Jodi Picoult, qui entremêle maladroitement plusieurs thèmes d’importances qui se parasitent et mettent mal à l’aise tant c’est souvent mal défendu.
La trame nous conte un terrible drame, avec les points de vue de tous les protagonistes. Aux deux ans de leur gamine, les parents de Kate apprennent qu’elle est atteinte d’une leucémie aigue qui l’a condamne à mort avant ses cinq ans. Le médecin leur propose de concevoir une petite sœur qui servirait de pièce de rechange pour la sauver. Ainsi nait Anna, qui durant onze ans se verra prélever globules blancs, plaquettes et moelle osseuse. Autant d’étapes souvent douloureuses, avant l’épreuve finale de la transplantation d’un rein qui sauverait sa sœur d’une mort désormais proche à l’aube de ses quinze ans. C’est à ce stade que la gamine fait appel à un avocat pour défendre ses droits du corps et son refus de don. Au fil des témoignages de chacun, la gamine, le frère, les parents et la malade, c’est toute la souffrance d'une famille face à l’injustice de la vie et de la mort.
J’ai trouvé très intéressant les différents thèmes abordés, tel que faire naître un enfant pour prélever des organes, celui des droits de l'enfant sur les opérations invasives et l’appropriation de ses organes, et enfin sur l’euthanasie. Trois thématiques lourdes qui ne peuvent pas être traitées à la légère. Et pourtant, à trop vouloir en faire des tonnes, entre mélo et pathos, la trame arrive à rater sa démonstration. J'avoue une certaine perplexité qui m’a gêné aux entournures. L'histoire étant en constant équilibre casse gueule, qu’il en est parfois incompréhensible et illogique. Le fait de venir au monde, que l’on ait été voulu ou par accident, par amour ou par intérêt ne change rien à cette tragédie. La petite Anna a été désiré pour sauver sa sœur Kate, et sont aimé l’une autant que l’autre. Le côté, j’en sacrifie l’une pour l’autre est ici une mauvaise démonstration. Vouloir sauver son enfant est un réflexe naturel,ne dois pas être à n'importe quel prix, comme les fatigues et souffrances, ni de prélévements non consenties. Pourtant, les mutilations sexuelles ne sont jamais dénoncées alors que réalisées sur des enfants sans leur consentement. Dans le cas présent, on rencontre une malhonnêteté et une manipulation quand on sait que telle n’est pas la raison première de l’action en justice. Du coup, devient noins convaincant l'aspect suicidaire, si tant est qu'il n'y avait aucune rémission possible avec le transplant, il est vrai seulement si don d'Anna. Thème mieux abordé dans Miele, Camino ou La belle endormie.
Le réalisateur a apporté des différences notoires dans le récit, contre l’avis de l’écrivaine, qui changent pas mal la donne. Anna, qui a treize ans et non onze, trouve la mort dans un tragique accident de voiture, et ses reins sauve Kate. Les jeunes malades amoureux entretiennent bien des relations sexuelles, mais la pudibonderie hollywoodienne mal placée, réduit à un simple et chaste baiser d'ados. L’étroitesse d’esprit et l’hypocrisie américaine est décidément toujours stupéfiante. Si l’émotion bien compréhensible est à son comble, je regrette le mélange des genres pour un très lourd pathos qui frise parfois le ridicule agaçant qui gâche les moments forts et sensibles.
Le casting est bien choisi avec Abigail Breslin (La stratégie Ender) particulièrement frappante. Je me demandais ce qu’était devenue Sofia Vassilieva, depuis son départ de la série Medium. Une étudiante, mais aussi et surtout une jeune fille bourrée de talent et de culot, qui dégage une émotion à fleur de peau qui hante longtemps. Son rôle était dévolu à Dakota Fanning qui le refusa en apprenant qu’il fallait se raser entièrement la tête. Cameron Diaz (Triple alliance) dans un rôle dramatique fort est impressionnante, comme Alec Baldwin (Blue Jasmine) et Campbell Alexander. Les Thomas Dekker et Heather Wahlquist (Alpha dog), Emily Deschanel (Bones) et Joan Cusack (Le monde de Charlie) un peu relégués de fait, participant avec conviction.