Etrange histoire de Gisaburo Sugii, qui adapte un conte écrit par Kenji Miyazawa écrit en 1932, qui s’était profondément inspiré de la perte de sa sœur cadette, Toshiko, décédée à vingt ans en 1922 de maladie, qui l’avait fortement affecté toute sa vie tant il était si proche d’elle.
Budori, ses parents et sa petites sœur Neri vivent au cœur de la foret dans une jolie maison. La météo et la crise plonge la famille dans la famine. Bientôt, le père, puis la mère partent chercher fortune ailleurs. Et c’est au tour de Neri de disparaitre mystérieusement. Budori part à alors sa recherche, quittant la foret, et découvrant un monde inconnu des plaines et des montagnes, comme de la ville. Après avoir travaillé chez des paysans sympathiques et loufoques, il part pour la ville, entre en université, se lie avec un professeur vulcanologue qui le forme dans le métier. Toutes ces années durant, il ne cesse de rêver de sa sœur, croyant la retrouver à chaque coin de rue, enlevée par un homme diabolique qui hante ses cauchemars.
Sur un graphisme magnifique, avec ces chats humanoïdes étranges, la narration est pour le moins hermétique mais aussi ringarde que pouvaient l’être les discours réacs de l’époque. On devine la douleur de la perte d’une sœur bien-aimée, on comprend la crise économique du Japon des années trente, on soupçonne la symbolique de la guerre avec le volcan, et le sacrifice des kamikazes dans le comportement final du petit héro. Mais le ton donné est aussi étrange que l’univers dans lequel nous sommes plongés, avec des discours d’un autre temps, avec une attitude quasi désinvolte du gamin, et ces résurgences de rêves qui fractionnent le récit.
J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à m’immerger dans cet univers, au rythme saccadé et, pour l’avoir vu hélas en version française, regretter ces voix qui sonnaient faux. L’animation est maitrisée, les illustrations et couleurs magnifiques, avec un graphisme souvent de réelles beautés. Mais il en ressort aussi une froideur et un ennui qui m’ont mis mal à l’aise. Compte tenu d’une certaine complexité, je ne conseille pas trop ce film aux moins de dix ans, car contrairement aux couleurs vives, aux rires gras et forcés, l’histoire est profondément sombre et triste, avec un pessimisme jusqu’au boutiste d’une terrible noirceur qui prend au cœur et aux tripes.
J’aurai préféré entendre les voix originales de Shun Oguri et la belle Shiori Kutsuna, d’Akira Emoto et Kuranosuke Sasaki, de Tamiyo Kusakari, Ryûzô Hayashi et Shozo Hayashiya.