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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 09:46

Superbe western de Richard Fleischer (Les inconnus dans la ville) qui prend plus une allure de fresque sociale que des classiques films du genre entre cowboys et indiens, et qui apporte une innovation choc en cette année de 1959.

Le récit nous conte l’ambition et l’ascension sociale de Lat Evans, un jeune arriviste, issue d’une ferme pauvre. Après une saison de vacher, il décide avec son meilleur ami Tom d’aller chasser des loups pour leurs peaux, sans se préoccuper des manières honteuses et de la quantité, dans les pires conditions météo et les dangers. Rentré précipitamment suite à une grave blessure, il retrouve Calie, sa jolie prostituée régulière et amoureuse de lui. Afin de se lancer à son compte, elle lui confie toutes ses économies. Rapidement, il réussi dans les affaires et commence à devenir un homme riche, important et reconnu, sans états d’âme, froid comme la glace, foncièrement égoïste. Lat se fiance avec la nièce du banquier, plus pour son statut social que par amour, délaissant ainsi Calie. Jusqu’au jour ou la belle est violemment battue par un client.

Sur une trame qui met très mal à l’aise de part sa mise en scène, ses superbes cadrages avec une musique mettant une ambiance bien délétère, l’atmosphère qui règne est terriblement cruelle et éprouvante. Mais le choc réside ailleurs que dans cette histoire d’arrivisme assez classique dans le fond, avec la dénonciation de la violence sur les femmes. Habituellement, comme je le dénonce régulièrement, elles sont battues, humiliées et asservies, dans une vision banale et jouissive. Souvent montré avec délectation, rarement pour dénoncer, et toujours démontrer la femme heureuse d’avoir son « homme » qui gazouiller, dans une mentalité machiste. Or là, sans doute pour la première fois, non seulement on nous montre les dégâts avec le visage tuméfié, la brute est montré du doigt et puni. Nous sommes en 1959, et ce film aborde enfin ce thème d’une violence extrême et beaucoup trop minoré, aujourd’hui encore, la preuve dans Killer Joe.

En plus de sa finesse de réalisation et de sa mise en scène magnifique, avec ces cadrages superbes qui ne montre jamais la violence, comme la pendaison de l'ami, excellemment filmé avec juste les bottes qui se balances et le regard de Lat vers le haut de la corde, suggéré plus que montré. Très belle réflexion sur la société américaine et sa mentalité de parvenu, sa notion salement hypocrite sur les femmes de petites vertus.

J’avoue ma déception dans les bonus sur l’intervention de Bertrand Tavernier, qui n'a pas relevé le point sensible, focalisé sur des tas des considérations pour une fois sans grand intérêt, dont cette comparaison peu convaincante entre le film et les toiles de Piet Mondrian. Patrick Brion le soulève sans l'exerguerciser.

Don Murray (Arrêt d'autobus) est excellent de froideur et de volonté avec une certaine innocence qui le rend d’autant plus malaisé, face à la belle Lee Remick (Le refroidisseur de dames) qui est prodigieuse de talent et d’émotion qu’elle marque longtemps par la subtilité de son jeu. les Richard Egan (La bataille des Thermopyles) et Patricia Owens (Sayonara), le beau Stuart Whitman (Quatre étranges cavaliers) et Albert Dekker (La maison des sept péchés) autant qu’Harold Stone, Jean Willes (La chevauchée sauvage) et Royal Dano (The wild party) mettent l’ambiance à rude épreuve.

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commentaires

P
Je n'y ai pas vu la violence faite aux femmes comme thème central du film mais bien l'arrivisme du héros. Ce qui m'a fait un peu penser à Monty Clift dans "Une place au soleil". J'avoue l'avoir regardé essentiellement pour le réalisateur et la belle Lee Remick (une nouvelle fois bouleversante). Mais ce film m'a mis assez mal à l'aise.
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B
Ce n'est en effet pas le thème central, mais il est celui qui rend l'humanité à l'arriviste, sa prise de conscience de ce qu'il est et des limites après avoir lâché son meilleur ami, principalement quand il refuse d'être son témoin avec une prostitué, mais c'est aussi à mon sens la première fois que c'est abordé de manière aussi franche et dénoncé à ce point qui méritait d'être soulevé. Le malise est palpable jusque là...