Adaptation sympathique d’Anne Fontaine (Perfect mothers) du roman graphique de Posy Simmonds (Tamara Drewe), qui s’inspire librement bien sûr de Madame Bovary de Gustave Flaubert, et qui pourtant se perd en court de route dans un classique vaudeville assez niais avec une fin qui m’a un peu déçu.
Martin, bobo parisien devenu boulanger dans une petite ville fictive de Normandie, nous relate les derniers mois passés avec ses voisins londoniens dont la belle Gemma. Le hasard de la vie, fait que la belle jeune anglaise, entre son prénom et son nom, donne une raisonnance avec l’héroïne de l’écrivain du cru. D’autant que notre boulanger tombe éperdument amoureux et se met à la suivre assidument jusque dans la moindre intimité qui lui permet de tout savoir et même de se méler de ce qui ne le regarde pas tel un voyeur maladif.
Sur un ton champêtre, avec un humour charmant, le récit nous croque un parallèle de la vie des deux héroïnes, du roman et du film, dans une vie faite de déception, de passion et de regret, avec des quiproquos en marivaudages pleine d’amusements. La mise en scène est sympathique, le cadre agréable et les répliques rigolotes. J’ai juste été décontenancé par le drame que je n’attendais pas et qui quelque part détonne dans un illogisme regrettable qui ne cadre pas avec l’ambiance et la teneur générale. Certes, il paraissait évident que comme la Bovary il y eut un calquage similaire, avec un zeste d’ironie de la miette de pain, mais pour le coup, la véritable ironie eut été de ne pas aller jusqu’à cette extrémité. C’est un parti pris de la romancière, respecté par la réalisatrice, que je respecte, mais qui me semble être un manque d’audace pour le coup.
Beau casting avec la délicieuse Gemma Arterton (St Trinian's 2) qui s’exprime dans la langue de Flaubert presque sans accent, et mieux que je ne saurais le faire dans celle de Shakespeare. De même pour Fabrice Luchini (Alceste à bicyclette) qui est drôle et détestable à la fois dans un personnage qu’il maitrise à la perfection, sans en changer une virgule. Dire que c’est du talent… Ensuite, les Jason Flemyng (Mariage à l’anglaise), et Isabelle Candelier (Belle comme la femme d'un autre), Kacey Mottet Klein (L'enfant d'en haut) et Niels Schneider (Une rencontre), comme Edith Scob (Les yeux jaunes des crocodiles) et Mel Raido (The informers), Rankin Pip (My week with Marilyn), Elsa Zylberstein (Plan de table) ou Pascale Arbillot (Toutes nos envies) se mêlent astucieusement dans l’ambiance.