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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 11:38

A l'origine était Ishiro Honda qui réalisait en 1954 le premier film d'une longue série sur le monstre nucléaire, créé par le producteur Tomoyuki Tanaka et dont l'œuvre s'avère être très pertinente sur l'utilisation et les conséquences de la bombe nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki, avec une très belle réflexion sur la responsabilité des savants dans l'invention d'armes de destructions massives. Fortement déçu par le dernier Godzilla, je me devais de revenir aux sources d’un phénomène désormais culturel et qui fut censuré en son temps aux Etats-Unis tant il touchait du doigt les coupables.

Un navire de pêche est attaqué puis détruit et coulé une nuit sans crier gare. Un deuxième, puis de nombreux autres vont subir le même sort, avec le témoignage de rares survivants qui font état d'un monstre des mers. L'horreur est à son comble quand l'ile d'Otho est attaquée avec de nombreux morts par une sorte d'animal préhistorique qui crache du feu et fortement radioactif, que seul des bombes ont pu contaminer à une telle dose. Rien ne semble vaincre ce montre qui détruit tout sur son passage, jusqu’à Tokyo. L’invention d’un savant pourrait mettre un terme à ce carnage. Mais celui-ci fait face à un dilemme cornélien. Comment sauver le monde avec une arme qui pourrait être ensuite utilisée à des fins militaires et détruirait plus sûrement encore l’humanité.

Intelligemment narrée, l'histoire nous entraine dans deux réflexions de société on ne peut plus évidente et rarement abordées, surtout près de dix après les explosions meurtrières. On peut en effet légitimement poser le cadre de la responsabilité criminelle des chercheurs et savants, tels que les Oppenheimer et Einstein ainsi que tous leurs confrères dans la création d'une invention aussi diabolique que la bombe nucléaire, et plus encore dans son utilisation sur des populations civiles. De savants géniaux en savants fous, ils sont devenus des complices actifs de crimes contre l'humanité. Au même titre que les pilotes de bombardiers déversant leurs millions de tonnes de bombes au phosphore ou classiques comme nucléaires sur des villes avec des femmes et des enfants sans viser les militaires et encore moins les rails vers les camps de la mort, devenant aussi monstrueux que les pilotes nazis qu'ils fussent allemands ou japonais, quand bien même l’idée de départ était de gagner au plus vite une guerre mondiale. Vaste réflexion sur un sujet sensible qui mérite à travers ce film d’aborder le sens des responsabilités de tout un chacun.

Quand à la réalisation, avec les moyens de l’époque, soixante ans déjà, c’est quasiment la préhistoire des effets spéciaux qui n’ont finalement pas à rougir du résultat final. Le film a prit quelques rides mais a bien vieillit tant l’émotion humaine est toujours aussi prégnante, et somme toute, le monstre impressionne au-delà de sa représentation et de ses mouvements. Tel le premier King Kong, ou face aux créatures de Jurassic Park, il produit son effet par sa froide détermination destructrice et de mort. La mise en scène, comme les interprétations sont de qualité qui m’ont touché et interpellé.

Le scénario original a été écrit par Shigeru Kayama avec son texte Katei niman mairu karakita no dai-kaiju, qui se traduit en Le grand monstre venu de 20 000 lieues sous les mers, et par Takeo Murata pour la tragédie du scientifique. Mais à la base, se trouve le film Le monstre des temps perdus d’Eugène Lourié d’après une nouvelle publiée en 1951 de Ray Bradbury, The beast from 20,000 fathoms avec les Paul Hubschmid, Paula Raymond et Cecil Kellaway, réalisé en 1953, où un dinosaure, Rhedosaurus, tiré de son sommeil par des essais nucléaires, gagne New York avant d'être abattu par les militaires. Film qui inspirera Star Trek 4 : retour sur Terre.

Le casting réuni des interprètes de qualité avec Akira Takarada jouait dans son premier film avant bien d’autres de la franchise jusqu’au dernier Godzilla. La jolie Momoko Kôchi est émouvante, de même Akihiko Hirata (Sanjuro) et Takashi Shimura (Le château de l’araignée) comme Fuyuki Murakami (Vivre) et Sachio Sakai (Le garde du corps) sont marquants, ainsi que Toranosuke Ogawa et Ren Yamamoto (La forteresse cachée) ou Hiroshi Hayashi (Les sept samouraïs) et Seijirô Onda.

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