État des lieux du mal chronique de l'hôpital public, dont Thomas Lilti nous fait profiter de son vécu des coulisses d’un endroit obligé et déterminant dans notre vie, et dont les conditions matériels se dégradent de plus en plus par les restrictions financières coupables de nos politiques quels qu’ils soient, avec leurs responsabilités engagées dans la qualité des soins de plus en plus dégradées.
Le quotidien de Benjamin Barois, nouvel interne dans l’hôpital de son père, va être ponctué dans son apprentissage des lieux, des patients, des collègues et des conditions de travail, aux difficultés diverses et variées. Si la première semaine se passe sans gros incidents notoires, certaines décisions prises à la légère par manque de moyens matériels vont avoir des conséquences en chaine au nombre de réactions et décisions insoupçonnées. Parmi ses confrères, le docteur Abdel Rezzak, s’avère emblématique du milieu dans lequel le personnel soignant est soumis. De même sa supérieure, le docteur Denormandy, qui tente de garder une cohésion de responsabilités face aux lacunes dans lesquelles ils se débâtent quotidiennement, jusqu’à l’explosion du ras le bol et de mal vivre professionnel.
Une réalisation qui laisse pantois devant le mal chronique du monde hospitalier, comme dans l’ensemble du service public depuis qu’ont été imposées les réductions des dépenses et l’esprit de rentabilité en lieu et place de notion de service de santé, d’éducation, de solidarité qui n’ont pas de prix que celui du bien être des citoyens. Une notion républicaine qui n’est pas de ceux des nantis. La réalisation, flirte souvent dans le docu-fiction, nous plongeant au cœur de la réalité quotidienne des internes, infirmières comme médecins, confrontés à des logiques de comptables incompatibles et inconciliables. Nous le voyons nous même en tant que patient, pour avoir un rendez-vous, pour des urgences par la lenteur, le manque de place et de personnels comme par la dégradation des soins et de la qualité d’accueil et de traitement.
La réalisation est excellente d’un point de vu objectif de la situation des faits. Quelques petites longueurs peuvent être crédité, mais dans l’ensemble, je me suis bien immergé dans ces différentes histoires qui n’en forme qu’une. Nous sommes loin du Docteur House ou d’Urgence, mais dans le concret vrai. J’ai beaucoup aimé le ton sans concession, mais aussi sans parti pris laissant la parole à tous sans rester neutre ni partisan outrancier.
Sans conteste, Reda Kateb (Les garçons et Guillaume, à table !) explose comme jamais de talent avec une puissante conviction communicative absolument renversant. Vincent Lacoste (Jacky au royaume des filles) sort enfin de l’éternel adolescent moyen qui lui collait un peu trop, pour passer à un niveau supérieur, même si ce n’est pas encore ça. Rien à redire de Jacques Gamblin (24 jours) qui est toujours aussi charmeur que convaincant, ainsi que la belle Marianne Denicourt (La crème de la crème). Egalement pour Carole Franck (Dans la cour) et Philippe Rebbot (On a failli être amies), de Julie Brochen et Thierry Levaret, mais aussi de Thierry Gary et Isalinde Giovangigli (Je fais le mort), comme Juliette Navis, Juliette Aoudia et Jeanne Cellard (L’écume des jours) terriblement émouvante.