Il y a chez Ken Loach (La part des anges), comme souvent avec ce réalisateur anglais, un petit parfum de malhonnêteté tendancieuse toute britannique pour décrire l’univers irlandais, véritable épine au pied de l’Histoire entre les deux pays.
Dans les années trente, James Gralton, un républicain irlandais revenu d’exil aux Etats-Unis pour lutte d’indépendance dans son pays, réouvre un dancing en désuétude dans son village natal, en diversifiant les activités culturelles et politiques pour le plus grand bonheur de la jeunesse locale. Une joie qui n’est pas partagée par tous, notamment par le vieux prêtre de la paroisse bien peu sympathique qui y voit un danger rouge, mais aussi des opposants politiques anti-communistes ou indépendantistes, sans oublier les velléités anglaises jamais bien loin.
Le film s’inspire de la vie de James Gralton, en édulcorant ses activités politiques au profit de l’URSS, dans un pays et un contexte qui ne se prêtait pas à une intervention extérieur après des siècles d’occupations, des décennies de luttes et une guerre civile qui fractura la jeune république irlandaise suite à un accord d’indépendance orchestrée par la perfide Albion dans un but pervers qui fonctionna trop bien. Alors ce petit histrion aux ordres d’une dictature sanglante de Moscou, ne tombait pas au mieux. Il finit en effet par retourner aux Etats-Unis, mener des combats syndicaux, se maria et eut de nombreux enfants… En même temps, si le communisme était le bonheur sur terre, il y a longtemps que ça se saurait, même dans les années trente. Ce cher Ken ne nous montre pas le vrai visage du Kominterm, mais une joyeuse petite bande de jeunes qui cherchent avec raison, à chanter et danser, s’aimer et folâtrer comme à Woodstock. D’autre part, il se vautre une fois de plus quand au sujet de l’Irlande, avec sa bonne morve anglaise en revisitant l’Histoire d’un point de vue pour le moins champêtre, tout en nous contant un récit sans aucune passion, toute de traviole et tellement négationniste. Il nous montre des paysans bigots contre des méchants rouges, dans une galerie peu flatteuse de portraits d’un peuple et des raisons de leurs dissensions, sans jamais indiquer qu’il y a la main anglaise derrière ce drame.
Rappelons tout de même le contexte. L’Angleterre occupa Irlande durant treize siècles, avec massacres, expropriations, déportations, génocides, acculturation et conversions furent le lot incessant pour détruire une nation et sa population. Cependant, le 6 décembre 1921, un traité accordait enfin l’indépendance de l’Irlande, mais avec une partition du nord, qui reste encore aux mains de colons anglais et écossais. Une guerre civile éclata entre les pros et anti traité. Les premiers gagnèrent la guerre mais perdirent les élections. A ce jour, le pays n’est toujours amputé.
Le casting champêtre est bien sympathique avec Barry Ward, mignon tout plein, même si pas très convaincant. Simone Kirby (Le dernier des templiers) et Andrew Scott, comme Jim Norton (Extrêmement fort et incroyablement près) et Brían F. O'Byrne, la jolie Aisling Franciosi et Aileen Henry ou Francis Magee, font ce qu’ils peuvent.