Merveilleux film de Frank Borzage réalisé en 1938 d’après le roman Drei kameraden de l’écrivain allemand Erich Maria Remarque (A l’ouest rien de nouveau) sur l’amour et l’amitié avec la montée du nazisme dans l’Allemagne d’entre deux guerres, véritable que d'aucun devrait revoir pour une véritable leçon de cinéma.
11 novembre 1918, fin de la première guerre mondiale, Erich, Otto et Gottfried rentrent à Berlin, et comme l’Allemagne exsangue par quatre années de guerre et de blocus, subissent la crise économique. Amis inséparables, ils montent un garage de réparation de voiture en vivant chichement. Une amitié à toute épreuve même quand Erich rencontre la belle Patricia. Le coup de foudre ne va pas sans poser de problème avec la crise, mais surtout avec la maladie dont souffre Pat, et contre laquelle les trois camarades tenteront tout pour trouver l’argent des frais d’hospitalisation. Une course contre la mort pour l’amour est engagée avec courage et passion.
J’ai été submergé d’émotion dans ce très beau film entre les trois amis et la belle au destin tragique qui m’a bouleversé au point de laisser couler mes larmes comme rarement. Pour le coup, pas de mélo pathos étiré en longueur. Tout est dans la juste mesure de l’émotion, de la douceur et de la tendresse. La mise en scène sur un rythme rapide et alerte est savamment dosée, avec le parallèle entre la montée du nazisme et la maladie de la jeune femme, qui décrit des symptômes et conséquences tragiques. Les images sont belles, les personnages attachants, les solidarités émouvantes et les destins terribles. Etonnamment, c’est n’est pas l’amoureux Erich qui est le plus sympathique des trois, mais Otto le plus adorable et Gottfried le plus pur. Pat est sublime dans son combat contre la maladie avec une dignité crève cœur. En effet, il n’y a pas qu’une histoire d’amour tragique, mais aussi d’amitié dans un univers de violence avec la crise économique, la montée des extrêmes, des meurtres de rue en insécurité pour un avenir que nous connaissons hélas. Se dégage une atmosphère angoissante que l’on souhaitera naïvement plus heureuse et qu’inéluctablement, sans artifice ni effets de trop, les événements se mettent inexorablement en place et étreint nos cœurs.
Je le reconnais volontiers, j’ai été bouleversée par cette histoire magnifique de simplicité et de force, qui inspira d’ailleurs Michael Cimino en 1978 pour son film The deer hunter, mais également le réalisateur russe Aleksander Surin avec Fleurs de vainqueurs en 1999. Une grande leçon cinématographique des émotions
Robert Taylor (Convoi de femmes) est superbe face à Margaret Sullavan, essentiellement actrice de théâtre, sublime avec une intense émotion qui hante longtemps. Ironie du sort, dans ses rares films elle se meurt souvent de maladie, comme hélas dans sa vie parti trop tôt. Franchot Tone est très marquant, de meme que Robert Young. Guy Kibbee et Lionel Atwill, Sarah Padden et George Zucco, contribuent à la réussite de ce chef d’œuvre.