Malgré les épiques péripéties de la réalisation qui mériteraient à eux seuls tout une comédie, ce très sympathique film de Josef von Sternberg et Nicholas Ray qui du terminer le dernier tiers en sans être créditer, suite à des remous internes des plus houleux dans la petite famille tuyaux de poil d’Hollywood, est une très belle réussite qui la confine dans petits chefs-d’œuvre.

Sur le bateau qui relie Hong Kong à Macao, capitale du jeu et du crime organisé, Nick Cochran, ancien GI en cavale, fait la rencontre de la belle Julie Benton, une chanteuse de cabaret, et de Lawrence Trumble, un policier sous couverture. Par des chemins de traverses, ils se retrouvent au Cabaret dirigé par Vincent Halloran, le parrain de la pègre local, où Julie doit chanter. Quand Cochran cherche un emploi. Très vite, une rivalité amoureuse pour la belle Julie, le décide d'aider Trumble à arrêter le mafieux, avec une petite complicité de la jalouse Margie, la compagne du caïd. Pour cela, il doit convaincre le mafieux féru de diamants de l’accompagner à Hong Kong où la police pourrait lui mettre le grappin dessus. Mais rien n’est moins évident de jouer avec le feu, surtout quand les sentiments sont en jeu.
J’ai beaucoup aimé cette histoire qui tout en respectant les codes du genre, nous délecte en les contournant dans une comédie légère qui ne se prend pas au sérieux. Me rappelant quelque peu Gilda, il est plus cocasse par son humour corrosif et les multiples actions qui se déroulent entre les bagarres, enlèvements, assassinats et baisers langoureux. La réalisation est vive et alerte sur une mise en scène fluide qui ne perd pas de temps pour nous mener droit au but de chaque séquence avec une aisance et un plaisir de suivre une trame pleine de charme. Au final, c’est une vraie petite perle qui frise le chef d’œuvre, bonifié par le temps, enrichi d’interprètes qui semblent bien s’amuser dans l’atmosphère hors coulisses, ou qu’en tout cas sont tellement excellents qu’ils m’ont enthousiasmé.
Et de fait, la réalisation partait mal, entre le réalisateur contraint et forcé par contrat de tourner ce film, dont Il n’avait pas participé à l’écriture du scénario comme à son habitude. Howard Hughes, lui imposa également les deux acteurs vedettes dont Jane Russell, qu’il considérait comme sa création, qui le fascinait énormément, quand Sternberg n’aimait ni l’un ni l’autre… Enfin, Gloria Grahame ne voulait pas tourner dans ce film et fut elle aussi forcée. Conflit qui en arriva à virer Josef von Sternberg avant la fin du tournage qui fut terminé par Nicholas Ray qui lui-même était en procédure de divorce d’avec… Gloria Grahame qu’elle l’avait trompé avec le fils de celui-ci, âgé de seulement de 13 ans et qu’elle a épousé à Tijuana, ayant également été mariée un temps avec le frère de Mitchum…

Le trio infernal avec Robert Mitchum (Un homme fait la loi) une fois de plus excellent, la très belle Jane Russell (Les hommes préfèrent les blondes) absolument superbe, et William Bendix (Detective story) des plus intriguants, fonctionne parfaitement. D’autant mieux avec l’excellent Thomas Gomez (Le conquérant) et la non moins belle et charmeuse Gloria Grahame (Règlement de compte) tout à fait épatante. Quand ensuite Brad Dexter (Les inconnus dans la ville) ainsi qu’Edward Ashley et Philip Ahn, Vladimir Sokoloff et Don Zelaya sont en symbiose, on se dit que vraiment tout est possible au cinéma.