Production Besson, réalisée par Bertrand Bonello (L'Apollonide - souvenirs de la maison close) qui s’engage à son tour dans une rétrospective de la vie du couturier Yves Saint Laurent, dans un biopic qui alterne entre intérêt et ennuie profond dans un univers froid et sans âme, entre drogues à défonce et partouzes tristes.
La vie plus que l’œuvre, la création et le génie sont relégués dans une ambiance évanescente plus que dans une description créative d’une œuvre internationalement reconnue. Décidément, il ne se retient finalement pas grand-chose d’un créateur. Pourtant, ça commençait bien avec la mise en valeur des petites mains, de la symbiose du créateur et des toutes ses assistantes, ainsi que ses croquis de robes. J’ai bien aimé les prises de vues et la mise en scène, tant dans ateliers que sur les défilés, autant que dans la vie intime de l’artiste. Cependant, une vie triste et froide, que sexe et drogues ne semblent pas rendre heureux. Ses modèles exposés au fil du temps ne sont pourtant pas stupéfiants, tant ils sont ou fadasses ou ont terriblement mal vieillis. Rien qui ne transcende, et me laisse dubitatif face au succès énigmatique, tant cette mode est d’un classicisme rigoriste bourgeois et faussement moderne.
Après, on se focalise sur ses relations difficiles, sur les circonvolutions parfois hermétiques d’une personnalité fragile. Et pourtant, si défauts se cumulent, des qualités s’en dégagent aussi, par un regard plus élargi et plus franc que dans la version autocentrée d’un Yves Saint Laurent qui manquait d’honnêteté et de passion. Les images sont belles, le récit se laisse suivre, mais la longueur est excessive sans se justifier. Rien à mes yeux, qui mérite autant de film, qu’aucun ne rend élogieux, sur une personnalité sombre et tourmentée, peu généreuse et moins encore sympathique.
Si Gaspard Ulliel (Tu honoreras ta mère et ta mère) est percutant, c’est moins vrai de Jérémie Renier (Le grand homme) un peu coincé. Léa Seydoux (La belle et la bête) ne se départie pas de son ton habituel qui ne s’impose pas dans ce type de rôle. L’épouvantable Louis Garrel (Un château en Italie) est toujours aussi mauvais, tout autant que sa compagne Valeria Bruni Tedeschi (Un château en Italie). Quand Amira Casar (Pas son genre) et Aymeline Valade ou encore Helmut Berger, Kate Moran (Les rencontres d’après minuit) et Jasmine Trinca (Miele) sont beaucoup plus inspirés. Un peu moins pour Valérie Donzelli (Le grand méchant loup) et catastrophique pour Dominique Sanda (Un beau dimanche).