Voyage amusant de Gustav Deutsch à partir de 13 tableaux réalisé par le peintre naturaliste américain Edward Hopper correspondant à un panel sur 34 années de création dans un ordre chronologique. En quelques minutes, le réalisateur croque l’avant et l'après de la scène de chaque toile choisie dans une fiction étrange.
Ainsi, une histoire linéaire nous est contée en une reconstitution parfaite de chaque toile, ayant privilégié les solitaires ou presque, avec toujours la même femme qui s’anime dans une histoire courte sur ce que la représentation de l’œuvre a pu inspirer tant à l’artiste qu’au réalisateur. Une voix of de la radio nous restitue les actualités de l’époque qui nous renseigne brièvement sur les événements plus ou moins marquants de l’année. Parfois même, c’est avec les images d’un film, et toujours un choix musical qui nous baigne dans l’atmosphère évanescent qui nous plonge comme dans un rêve sans fin.
La réalisation comme la mise en scène, les plans larges et travelings jouent avec les formes et les couleurs comme le peintre avec sa palette et son pinceau est d'une belle théâtralité. Langoureusement, je me suis laissé bercé par le rythme, tantôt charmé, tantôt agacé, mais jamais laisser indifférent. On peut regretter
certains choix et un rythme parfois trop lent, ou au contraire trop rapide selon la nature de l’œuvre décrite que l’on ne peut que laisser à l’appréciation de l’auteur. Une profonde solitude pèse sur l'ensemble des séquences choisies. Un réalisateur qui doit sans doute être fan d’uro, pour nous faire entendre à trois reprises le jet de pisse de la jeune femme, sans que j’y ai perçu l’intérêt artistique.
J’ai bien aimé le choix de cet artiste, Edward Hopper qui est un bel exemple du naturalisme, ou de la scène américaine, pour avoir peint la vie quotidienne des classes moyennes, dans laquelle Hopper exprime avec véhémence toute la nostalgique qu’évoquait pour lui le regard sur la société. Un amoureux de la culture française, et grand francophile, lisant les ouvrages et écrivant dans notre langue. Marié avec Josephine Verstille Nivison, artiste peintre également. Propriétaires d’une maison au Cap Cod dont il est souvent fait mention dans la trame, où il a beaucoup travaillé dans son atelier. Malheureux avec sa femme, agressive et terre à terre, elle cependant fut son seul et unique modèle au corps nu.
N’ayant pas une connaissance approfondie de l’œuvre d’Edward Hopper, j’ignore s’il avait une notion d’intemporalité de sa femme au fil des années dans ses représentations. C’est un facteur troublant dans la jeunesse éternelle et intangible de la jeune femme dans les descriptions des époques et actualités et sur la vie du couple dans chacune des treize toiles.
L’actrice, chorégraphe et danseuse Stephanie Cumming est belle et convaincante dans ses allées et venues, élégante dans sa gestuelle, et mystérieusement énigmatique dans ses regards. Elle est parfois accompagnée de Christoph Bach et Florentin Groll, d'Elfriede Irrall et Tom Hanslmaier, tout aussi énigmatiques à souhait.