Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 08:56

Dans l’adaptation d’une nouvelle de Stefan Zweig, Briefe einer unbekannten - Lettre d’une inconnue, John M. Stahl l’avait réalisé en 1933 avec beaucoup d’à propos dans son interprétation collant à une actualité récente d’alors, mais sombrant hélas dans un pathos trop lourd et long, quand tout était presque parfait de subtilité dans les sentiments, les déceptions et d'un amour sacrifié.

Sur le point de se suicider à la suite du crack boursier du mardi 29 octobre 1929, James Stanton Emerson ruiné s’enferme dans son bureau pour se suicider quand une lettre attire son regard. Elle lui est adressée par Mary Lane, une jeune femme qui lui conte une terrible histoire. Juste avant le départ des volontaires américains dans les tranchées de la première guerre mondiale, ils se sont rencontrés lors d’un bal de soutien. Coup Only%204%20edit.JPGde foudre de la toute jeune fille d’alors, elle se donne à lui. Au petit matin, il lui promet amour éternel, puis part à la guerre, quand elle tombe enceinte. à son retour, il l’a totalement oublié, effacé de sa mémoire. De dépit, elle va vivre avec sa tante et élever son fils, avec toujours au cœur un amour indéfectible pour un égoïste sans cœur, refusant de se marier. La maladie la rattrape, et sur son lit de chevet, elle lui adresse cette ultime lettre chargée encore d’amour et d’espoir pour son enfant.

Si l’histoire est joliment narrée, mettant bien les sentiments en exergue et les déceptions exacerbées.La mise scène est belle, mais la réalisation est malheureusement gâchée par trop de pathos. Film hollywoodien par excellence, avec une sorte de triste happy end, il est à regretter l’agonie épouvantable étiré qu’il en fini par agacer. Dommage, car l’ensemble est bien construit, les événements dans les contextes historiques restituent des époques et une ambiance délétère, en opposition d'avec un amour sincère et naïf. J’ai vraiment beaucoup aimé les trois quart d’une belle et triste histoire, qui se perd dans le mélo. A noter que de toutes les adaptations, celle-ci est la seule où l'enfant ne meurt pas, vision hollywoodienne certainement, quand dans le livre, on se doute que la mère ne lui survivra pas, sans la voir mourir.

D’autant que la nouvelle est encore bien plus sombre que le film. En effet, le récit nous est conté par le biais d’une lettre d’une inconnue que reçoit un célèbre écrivain. Elle lui raconte son amour pour lui depuis ses treize ans, puis était devenue sa maitresse durant trois nuits à ses dix huit ans, et elle en était tombée enceinte. Bien qu’elle ait été aussitôt oublié par son amant sans cœur, elle est toujours aussi amoureuse et refuse toutes les demandes en mariage. Elle élève son fils sans même qu’il connaisse son existence. L'enfant meurt de la grippe, et l'inconnue qui ne pourra lui survivre, adresse cette lettre pour lui révéler comment elle s’est consumée d’amour pour lui.

La trame a inspiré plusieurs remakes. En 1943, ratant de peu de contacter l'écrivain qui vennait de se suicider, le réalisateur finlandais Hannu Leminen adaptait la nouvelle avec Valkoiset ruusut Les roses blanches, avec Helena Kara, Tauno Palo et Aku Korhonen, dont le film incitera Max Ophüls en 1948 son Lettre d'une inconnue (Letter from an unknown woman) avec Joan Fontaine, Louis Jourdan et Mady Christians, dans lequel l’amant volage est pianiste qui apprend qu’il eut un fils mort du typhus. Un téléfilm de Jacques Deray en 2001, avec Irène Jacob, Christopher Thompson et Joachim Bißmeier, respecte le canevas de la nouvelle. Enfin en 2004, la réalisatrice et actrice chinoise Jinglei Xu dans Yi ge mo sheng nu ren de lai xin avec elle-même, Wen Jiang et Xiaoming Su situant l'histoire durant la révolution culturelle.

Margaret Sullavan (Trois camarades) apparaissait pour la première sur grand écran, et transmettait déjà une impression vive de son talent qu’elle en est terriblement marquante. Autour d’elle, John Boles et Benita Hume, comme Billie Burke, Edna May Oliver et Reginald Denny, sont tout aussi convaincants.

2 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires