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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 16:32

Excellent premier long métrage de la réalisatrice sud-coréenne July Jung pour un thriller social de toute beauté sombre, sordide et violent, saupoudré de douceur, de poésie et d’espoir, dans un savant dosage de subtilité et d’émotion, avec une belle touche d'ambigüité troublante qui étreint et bouleverse longuement.

Young-Nam est une jeune officier de police, mutée d'office de Séoul dans un village perdu de la côte. Un accueil pour le moins glacial, entre le sentiment de punition vexatoire injuste qui la mène dans un endroit paumé, et des habitants bien peu accueillants et frustres. Rapidement, elle fait la connaissance de Dohee, une étrange adolescente de quatorze ans apeurée et solitaire qui l’émeut. Elle apprend vite qu’elle est battue par son père et sa grand-mère, alcooliques et violents, dans l’indifférence générale. Une nuit, la jeune fille vient trouver refuge chez elle après la mort de la grand-mère. Une cohabitation étrange entre deux solitudes, deux victimes qui se lient, et qui va faire jaser, surtout quand le passé de la jeune femme vient la rejoindre.

J’ai été très touché par le ton de cette histoire, dure et douce à la fois, pleine de colère et de haine, comme d’amour et de douceur. Ce mélange doux amer, dans une Corée où les travers se retrouvent avec une malaisance nocive que l’on retrouve hélas un peu partout dans le monde, même civilisé. C’est à ce point que le financement dérisoire et ridicule de trois cent mille dollars, pour ce superbe récit a été limité de part le sujet et l’ambigüité des relations, que les deux actrices principales ont décidées de ne pas être payées. Et en effet, l'ambiance est on ne peut plus troublante dans la relation qui s’instaure entre mère-fille, entre sœurs ou amantes, tout en étant un peu de tous cela et rien que de la tendre solidarité entre écorchées vives. Qu’importe, quand est ailleurs l’indicible du regard des autres, de la violence inacceptable sur la jeune fille, ou contre les travailleurs clandestins exploités et battus.

La mise en scène est excellemment maitrisée, sur un rythme qui laisse planer les mystères avec subtilité. L’ambiance délétère est ténue comme une menace permanente avec en contre poids cet espoir qui brille dans cette amitié qui s’observe et se jauge, cet amour qui ne se révèle qu’à peine perceptible. Le récit est magnifiquement narré, les images sont sublimes avec des cadrages et des travelings qui lèche comme un pinceau sur la toile pour dévoiler des couleurs et des formes, ou masquer des sentiments et des ressentis. Une réalisatrice à surveiller de près, car elle révèle un talent nouvelle vague coréenne.

La jolie Doona Bae (Cloud Atlas) est une fois de plus excellente de force d’émotion qui hante longtemps, comme la jeune Kim Sae-Ron qui est absolument magistrale de talent. Il en est de même de Song Sae-Byeok et Sung-Geun Moon, ainsi qu’avec Gong Myung et Jin-Goo Kim,  ou encore de Jin-woo Park, et de la belle Jang Hee-Jin.

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