Etrange version du célèbre vampire de Gary Shore qui s’inspire pourtant de la source historique et légendaire du célèbre maître du genre, et du roman de Bram Stoker, dans une première réalisation ambitieuse et réussie d'un mythe fictif, dans une évocation d'un prince devenant le terrible conte de Dracula à son fort défendant pour une cause juste.
Alors que la Transylvanie du 14ème siècle vit une paix toute relative sous l’autorité du prince Vlad III de Valachie et de sa bien-aimée Mirena. Sous la protection des ottomans du sultan Mehmet II, une exigence vient apporter l’inquiétude. Les turcs réclament mille jeunes hommes, dont Ingeras le fils de Vlad, comme l’avait fait avec lui son propre père. Vlad, se rappelant ce douloureux passé, ayant fait de lui le sanguinaire empaleur de sinistre réputation, se rend au pic de la Dent Brisée afin de passer un pacte avec un démon. En échange d’une force surhumaine capable de détruire ses ennemis, il sera transformé en un buveur de sang humain. Mais s’il résiste durant trois jours, il redeviendra lui-même. De fait, une puissante armée turque entre sur les terres du prince pour une guerre meurtrière qui risque de mettre à mal la tentation diabolique.
J’avoue que j’ai été séduit par cette fable en partie historique, dans un récit qui relate l’origine d’un des plus terribles fléaux. La narration est fluide et classique, mais contée avec beaucoup de force et de passion. Les images, bien que souvent trop dans l’obscurité, sont belles, avec de superbes scènes de combats bien sanglantes, et pour le moins horribles quand à la pratique des empalements. Les rapports passionnés entre les protagonistes donnent d’autant plus de force au terrible dilemme et tentations démoniaques. J’ai éprouvé des émotions aussi bien de dégouts que de tendresse du père pour son fils où d’avec sa femme, quand quittant sa vie d’homme pour le monstre assoiffé de sang contre sa volonté. Le film est intéressant de part le dépoussiérage du mythe, et par une réalisation maitrisée.
En effet, historiquement, le prince Vald III l’Empaleur (en roumain Țepeș) né vers 1430 et mort en 1476, dont le père Vlad II Dracul -le Dragon, surnom dû à son appartenance à l'Ordre du Dragon, et donnera Dracula. Période de guerres, entre les chrétiens –catholiques et orthodoxes- contre les envahisseurs musulmans de l’Empire Ottoman turcs de Mehmet, et la chute de Constantinople. Vlad a bien été otage du sultan Mourad II, avec son frère Radu cel Frumos -Radu le beau- à Andrinople. A son retour chez lui, après des guerres il s’empare du pouvoir et établit la paix et la terreur. Son surnom d’empaleur provient bien de l'utilisation de cet horrible supplice, qui l'a été sur quelques personnages de hauts rangs, qui ont tant marqué les esprits. Il sera impitoyable et mènera la vie dure à ses opposants et aux turcs qui connaitront eux aussi les pals. Il perdra son trône et sa femme. Sera fait prisonnier, libéré, et mourra au combat, sa tête sera piquée sur un pieu. Loin de l’histoire du conte de Dracula.
Le casting est à la hauteur du défit, tel Luke Evans (Le hobbit : la désolation de Smaug) magistral et convaincant, et de Sarah Gadon (Enemy) jolie et émouvante. Suivent Dominic Cooper (Dead man down) et Samantha Barks (Les misérables), du môme Art Parkinson (Dark touch), de Paul Kaye et Zach McGowan, ainsi que Charles Dance (Underworld : nouvelle ère) et Diarmaid Murtagh (Monuments Men).