Excellente comédie de M.J. Delaney d’après la pièce de théâtre When women wee de Natasha Sparkes se déroulant essentiellement comme le titre original l’indique dans les toilettes des filles, en l’occurrence celles d’une boite de nuit. Les petits coins où l’on se remaquille, se rafraichi, mais aussi lieu de rencontres et de bavardages, inspirés à l’auteure lors de conversations crues entendus entre deux filles sur la sodomie.
Sam est une jeune femme un peu dépressive et paumée, qui rejoint dans une boite de nuit d’anciennes camarades de collège ayant réussies dans leurs vies privées et professionnelles, délaissant ses plus proches amies. Elle se réinvente une vie idéale, face à ces deux snobinardes prétentieuses, qu’elle abondonne régulièrement pour faire le point dans ses idées, et retrouver ses amies qu’elle sent trahir, s’enfuyant auprès d’autres en pleines conversations ou disputent. Des occasions de participer ou d’écouter des échanges d’idées pour le moins trash souvent, masquant des sentiments plus glamour et révélant des blessures plus profondes.
Comme le titre original l’indique, la salle d’eau de femmes est le lieu privilégié de la trame, tel le personnage principal du film. Je me suis beaucoup amusé à suivre les conversations diverses et variées souvent crues entre filles, qui m’ont rappelé celles entre mecs. Comme quoi, hommes et femmes, nous avons les mêmes centres d’intérêts, d’attentes, d’inquiétudes, de préoccupations et de rivalités, comme de désirs. Nos rêves et craintes, nos échecs et espoirs autant que les coups durs se valent, se cherchent et se retrouvent.
La réalisation est assez originale, non pas tant par le cadre, entre deux pissotages ou dégueulis, maquillages ou habillages, délires ou relations sexuelles délirantes, mais aussi de par les échanges et débats d’idées, les conseils comme les séparations ou rabibochages. Sur un rythme rock and roll, sans temps mort ou interlude, avec humour et émotion, nous sommes ballotés d’un groupe à l’autre, d’opinions et milieu différents, le temps d’une nuit musicale et colorée, abreuvée d’alcool et de drogue, supplantée d’envies d’amitié, d’amour,
de sexe et de reconnaissance. Je ne me suis pas ennuyé une seconde, tant est riche et varié les débats et profils de personnage, évitant les clichés ou s’en moquant, pour mieux nous croquer un ensemble hétéroclite de femmes, riches ou pauvres, hétéros ou homos, assumées ou inavouées, toutes en besoin de recevoir ou de donner ce quelque chose que la vie a oublier de nous remettre en naissant. La pièce avait été joué à l’origine par Stephanie Jay et Emily Wallis, qui tiennent un rôle, Amirah Garba Amy Revelle et Stef O'Driscoll, qui jouaient jusqu'à six personnages différents, chacune dans divers croquis dans la comédie provocante.
Il est vrai que le casting avec Sheridan Smith (Quartet) et Jaime Winstone (We want sex equality), Kate Nash et Oona Chaplin (Et (beaucoup) plus si affinités), ou encore Riann Steele (Capitaine Phillips) et Sarah Hoare, comme Zara White (A long way down) et Alice Sanders, Antonia Bernath (St Trinian's) et Jodi Halpin, mais aussi Bunmi Mojekwu et Lashana Lynch, ainsi que Gennifer Becouarn et les membres du groupe de chanteuses des Fake club, Chloe Askew et Aicha Djidjelli, Rosie Oddie, Carmen Van Den Berg, et Victoria Warwick. Elarica Gallacher (Chatroom), ou encore Larissa Jones (Pride) donnent un panel de talents et de d’émotions varié. Quelques hommes quand même, avec Johnnie Fiori, Micah Balfour (Diana) et Alex Warren de qualité de conviction.