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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 09:07

Très beau film de Jean-Pierre Améris (L'homme qui rit) qui nous narre avec beaucoup d’émotion, de délicatesse et de tendresse, une histoire inspirée de la réalité sur l’extraordinaire volonté d’une sœur et d’une handicapée à sortir du silence et de la nuit vers la lumière de la vie par la communication qui lui semblait fermée à tout jamais.

Marie est une jeune adolescente sourde, aveugle et muette, dont les parents attentionnés souhaitent lui offrir de l’éducation. Rejetée de toutes parts avec ses handicapes, seule l’hospice des fous est préconisé, ce qu’ils refusent. La porte de la congrégation des Filles de la Sagesse, est tout d’abord fermée face à la réaction de la jeune fille. C’est sans compter sur la ferveur et l’abnégation de Sœur Marguerite, qui va la prendre en charge. Après des mois infructueux, désespérant de ne parvenir à communiquer, une porte est enfin ouverte avec un premier signe gestuel qui laisse déborder un torrent d’intelligence et une soif d’apprendre et de communiquer. Le dialogue est noué pour ne plus s’arrêter.

J’avoue que j’en ai eu de mes larmes en coin, tant j’ai été très ému par cette histoire et l’extraordinaire qualité des interprètes, comme de la sincérité des images et de la mise en scène. Tout coule de source avec un tel naturel, que l’on se surprend à espérer qu’enfin la communication se passe. Une onde d’émotion nous submerge avec cette merveilleuse obstination, de part et d’autre, et de cet amour de la vie. Une très belle réalisation, aux images léchées sur des travelings souples et tendres. Les dialogues sont mesurés pour laisser une place entière aux gestes et regards bien plus parlants que des mots. Un film pour une histoire qui hante longtemps.

A l’origine de ce récit, est la véritable histoire qui s’est déroulée en France à la fin du 19ème siècle. Marie Heurtin, née en 1885 et décédée en 1921, était sourde-muette-aveugle de naissance. C’est à dix ans que son éducation a été menée par Sœur Sainte Marguerite (Marie Germain 1860-1910), de la congrégation des Filles de la Sagesse, à l’École française des sourdes-muettes-aveugles de Larnay, près de Poitiers, avec le succès décrit dans le film. Pendant plus de dix ans, elle va lui enseigner la relation entre les signes jusqu’à l'alphabet Braille, puis les notions abstraites. Ce n’est pas un couteau qui est le premier signe et premier mot, mais œuf, dont la jeune fille était si friande. Avec sa tutrice, elle prendra part à l’instruction d’une jeune handicapée, Anne-Marie Poyet, ainsi que sa petite sœur Marthe Heurtin, atteinte de la même maladie. Marie meurt d’une congestion pulmonaire à 36 ans. Relaté par Louis Arnould, dans son livre Âmes en prison, titre qui sera parait-il repris dans un film des années 1930. Georges Lenôtre dans Portraits de famille donne aussi une belle description.

Isabelle Carré (Respire) est sublimissimement lumineuse d’humanisme, face à la jeune Ariana Rivoire, qui est extraordinaire de talent qu’elle s’impose et marque durablement. Brigitte Catillon (Les garçons et Guillaume, à table !) est excellemment subtile et drôle. Noemie Churlet, Gilles Treton (Alceste à bicyclette), Laure Duthilleul (Toutes nos envies), Martine Gautier (11.6), Patricia Legrand ou Sonia Laroze.

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commentaires

A
Un site consacré à Marie Heurtin... et les autres : <br /> http://marieheurtinetlesautres.eklablog.com/ <br /> Cordialement<br /> Albocicade
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B
En effet, je n'avais pas pensé à Miracle en Alabama, à revoir certainement, merci Dasola
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D
Bonjour Bob, moi qui n'était pas tentée par ce film, tu me donnes envie d'aller le voir. L'histoire fait bien entendu penser à celle d'Helen Keller. Bon dimanche.
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