François Ozon (Jeune & jolie) nous embarque dans une histoire sur un sujet encore tabou, avec suffisamment d’humour et d’émotion pour mieux décrire un sentiment et des ressentis avec une légèreté naturelle et élégance. Il s’agit d’une adaptation de la nouvelle Une amie qui vous veut du bien - The new girl friend- de Ruth Rendell.
Le décès de Laura, la meilleure amie fusionnelle de Claire, déclenche des répercutions inattendues. Pour Claire dont l’amitié était proche d’un amour inconditionnel, c’est une profonde dépression qui l’accable, malgré les attentions de son mari. Mais une découverte étonnante chez le mari de son amie va la sortir de sa torpeur et redonner un sens à sa vie, comme celle de David, un veuf avec enfant en bas âge, qui se retrouve dans une nouvelle apparence, dans une autre personnalité pour une vie inattendue, celle de Virginia. Dès lors, le deuil laisse sa place à une vie renouvelée.
J’ai beaucoup aimé le, ou les tons, imprimé dans cette histoire, tantôt comédie ou dramatique, pour évoquer la transsexualité ou transgenre, avec une évanescence qui permet de donner une dimension humaine et émouvante, sans sombrer dans le comique troupier avilissant. Thème quelque peu abordé dans Ed Wood par Tim Burton, mais aussi avec Bambi de Sébastien Lifshitz. Le ton décalé, les relations entre Claire et David, bien plus belle qu’en homme, démontent un sentiment d’épanouissement dans ce qui est plus qu’une apparence, pour une révélation dans la plénitude. C’est joliment raconté, certes dans un univers bobo très friqué, la mise en scène est seyante, les images superbes et une ambiance douce et variée, tel un conte sympathique. La scène finale est belle concluant une réalisation à la hauteur du défi.
L’interprétation est sublime, avec un Romain Duris (Casse tête chinois) excellent d’émotion et de conviction, face à Anaïs Demoustier (Au fil d’Ariane) que j’aime décidément beaucoup, émeut à souhait autant qu’elle illumine de talent. Raphaël Personnaz (Quai d’Orsay) est tout aussi excellent, de même qu’Isild Le Besco (Au fond des bois). Aurore Clément (Cornouaille) et Jean-Claude Bolle-Reddat (L'œil de l'astronome), ou la jolie Zita Hanrot (Radiostars) également en qualité et conviction.