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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 08:09

Long, très long, beaucoup trop long pour ce roman biblique vu, déjà vu et rabattu sans apporter aucune originalité à l’un des contes et les plus célèbres et pourtant totalement imaginaire, dont Ridley Scott (Cartel) n’a pas réussi dans cette 10ème version cinéma avec des effets spéciaux bas de gamme à nous y intéresser un temps soit peu. Une fois de plus, il s’enfonce dans l’impossible sursaut de retour à ce qu’il avait su faire de mieux.

Un présage sur une bataille entre Egyptiens et Hittites, laisse entendre que le demi frère de Ramsès pourrait non seulement le sauver mais prendre sa place dans les destinées de l’empire. De fait, la bataille voit Moïse sauver la vie de Ramsès et comme le héro du jour. A leur retour auprès du pharaon, l’animosité entre les deux hommes prend une tournure haineuse. Lors d’une visite des travaux de la pyramide, Moïse découvre une peuplade parmi tant d’autres, les hébreux, et apprend des informations sur sa naissance. Profitant d’un piège tendu par un potentat qui détourne des fonds public, Ramsès se débarrasse dans le désert de ce faux frère. Laissé pour mort, Moïse trouve le réconfort auprès de bédouins, dont il épouse rapidement une des filles, Tsippora. Quelques temps plus tard, l’irrépressible volonté le ramène en Egypte pour sortir le peuple juif vers la terre promise.

La Bible comme chacun le sait, est un livre qui a été écrit durant des siècles par une quarantaine d’auteurs dont Daniel est le plus célèbre. La rédaction fut arrêtée en 98 de notre ère à Alexandrie. Il est composé de poèmes, de pamphlets et d’histoires tantôt véridiques, tantôt tirées de contes et légendes locales. Ainsi, le passage de Moïse est un exemple concret de ce mixage qui a longtemps été crédibilisé grâce à tous les accessoires. Si historiquement la bataille de Qadesh qui a bien eu lieu en 1274 av. J.C. entre l'empire hittite de Muwatalli -des grecs d’Anatolie- et l’empire égyptien de Ramsès II, qui a vu une issue incertaine au point de créer un traité de paix de cinquante ans auquel s’est joint l’empire Perse. Il n’y a pas l’ombre de Moïse. Et pour cause, il s’agit d’un personnage fictif et imaginaire, dont le but politique des auteurs était de reprendre en main les hébreux, qui se complaisaint et s’intégraient dans la société égyptienne. Le personnage de Moïse apparaît dans le Livre de l'Exode, composé de divers éléments d'écritures, inspiré de la légende du roi mésopotamien Sargon d'Akkad sauvé des eaux. Contrairement aux films, Moïse n’est pas un jeune homme quand il part pour sa mission, car il a 80 ans, pour mourir à 120 ans. Moïse, dans la culture juive est le tournant du polythéisme en monothéisme grâce à Akhenaton et son dieu unique Aton. Car jusque là, le judaïsme était païen comme toutes les religions de l'époque. L’intérêt des orthodoxes juifs dans la création de Moïse est éminemment politique. La communauté juive spécialisée dans la fabrication et la vente de briques, très prisées dans les constructions pharaoniques, s'y embourgeoisait. D’où l’intérêt de quitter le pays.

Enfin, grossière erreur historique inventée dans la Bible et pérennisée dans les péplums, est l'image d'une Égypte employant une multitude d'esclaves à la construction de leurs monuments. L’apparition de l'esclavage date de l'invasion grecque par Alexandre le Grand, longtemps après cette histoire. Auparavant, il s’agissait le plus souvent de forme de salariat, ou de servitude temporaire volontaire durant la crue du Nil, comme le prouve les découvertes archéologiques, avec les baraquements et cimetières civils près des pyramides, qui indiquent que les ouvriers étaient bien traités. Les prisonniers de guerre pouvaient être asservis avant une intégration dans la société égyptienne. Il a même été retrouvé le salaire qu’ils percevaient, et des grèves se produisaient régulièrement.

Du coup, cette réalisation perdure dans l’erreur historique en sus d’une mauvaise qualité cinématographique. Les effets sont de piètre qualité, la mise en scène souvent confuse pour un manque de recul politique et religieux qui confère à cette légende une propagande malhonnête. C’est donc long, et pas spécialement bien joué et surtout jamais passionnant. Nous sommes loin de Charlton Heston dans Les dix commandements tout aussi bibliquement aussi peu crédible mais d’une telle intensité marquante.

Un casting choral comme il se doit pour ce genre de production, avec un Christian Bale (American bluff) pas des plus crédibles des masses, face à Joel Edgerton (Gatsby le Magnifique) et John Turturro (Apprenti Gigolo) qui font ce qu’ils peuvent, comme Aaron Paul (American party) et Ben Mendelsohn (Perfect mothers), ainsi que Sigourney Weaver (Vamps) et Ben Kingsley (La stratégie Ender). Les belles María Valverde (Cracks) et Golshifteh Farahani (My sweet pepper land), de même Isaac Andrews (Hercule) et Indira Varma (Coup de foudre à Bollywood), ou encore Hiam Abbass (Rock the casbah) et Tara Fitzgerald (Rose & Cassandra), limitent tout autant la casse.

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