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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 15:08

Intrigante romance sur fond de seconde guerre mondiale par Saul Dibb, d'après le livre Dolce d’Irène Némirovsky, qui a reçu exceptionnellement le Prix Renaudot en 2004 à titre posthume, contrairement à la règle qui ne récompenser que des écrivains vivants, qui faisait partie parti d’une œuvre inachevée de part son destin tragique, assassinée par les nazis le 17 août 1942 à Auschwitz.

En plein été 1940, la guerre éclaire des nazis, entraine la défaite de la France, l'invasion et son occupation. Lucile Angellier et sa terrible belle-mère, attend le retour de son de son mari, fait prisonnier. Mais l’armée allemande s’installe dans le village en Bourgogne, et impose de loger chez les deux femmes, le lieutenant Bruno von Falk. Mélomane à ses heures, il distrait la maison avec ses créations sur le piano de Lucile. Malgré l’occupation et la guerre, les deux jeunes gens éprouvent une attirance coupable. Si leurs relations restent courtoises, ce n’est pas le cas chez les valets de ferme, où les tensions tournent au meurtre d'un sous officier allemand aux lourdes conséquences et l’éveil à la résistance.

Si l’on prend ce récit tel quel, il parait à bien des égards, quelque peu dérangeant, même si rien n’est faux. Dérangeante forcément cette histoire entre un occupant représentant du nazisme, et une française occupée, dont en l’occurrence j’y vois plus un syndrome de Stockholm que d’une histoire d’amour, surtout après les révélations de l'infidélité du mari. Les lettres de délations ont été un sport national très prisé en France qui font plus honte que les romances avec l’occupant. Il a le mérite de nous montrer cette période d’un point de vue féminin, dans le quotidien, et non celui de la résistance guerrière, surtout ceux de la dernière heure combattant "héroïquement" les femmes avec leurs tondeuses de lâches. L'exode, même brièvement aperçu, me donne une idée de ce qu'à vécu ma mère alors gamine, dont je me suis empressé de lui redemandé de me raconter.

S’il manque ce petit quelque chose de plus convaincant, ou d’un peu trop superficiel qui nous laisse dubitatif, il faut le trouver à sa source. En effet, le récit fait parti d’une œuvre inachevée. L’écrivaine commença une saga de cinq livres, dont le premier, Tempête en Juin, aborde l'horreur qu'ont vécues les populations civiles lors de l'exode, suivi de Dolce qui narre la vie sous l'occupation allemande dans le village fictif de Bussy (Issy-l'Évêque dans le Morvan où elle s’était installée), suivi d'une ébauche pour un troisième tome, Captivité, avant que ne suivent Batailles et Paix, avec une anticipation troublante, qu’elle ne pu voir. Ayant été arrêtée en 1942 par la gendarmerie française qui l’expédia au camp de Pithiviers, avant la déportation au camp de concentration extermination d’Auschwitz-Birkenau où elle trouva la mort. Son mari la suivi de près, arrêté par la police française… Cependant, a travers son œuvre, elle était persuadée que la guerre prendrait fin avec la défaite nazie. On peut donc comprendre le manque de recul que l’on perçoit dans le film, tout en se félicitant de la justesse de sa vision.

Les interprètes sont excellents, telle Michelle Williams (Le monde fantastique d'Oz) parfaite d’émotion, de même Kristin Scott Thomas (Avant l’hiver) et Matthias Schoenaerts (The gang), ainsi que Sam Riley (Maléfique) et Ruth Wilson (Lone Ranger), Heino Ferch et Tom Schilling (Oh boy), mais aussi Alexandra Maria Lara (Je n'ai rien oublié) et Clare Holman, ou la belle Margot Robbie (Le loup de Wall street). J’aime beaucoup Lambert Wilson (Barbecue), Eileen Atkins (Sublimes créatures) et Harriet Walter (Un mariage inoubliable).

2 étoiles

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