Polar social sombre dans lequel Pierre Jolivet (Mains armées) nous entraine sur fond de crise économique, dans une banlieue sordide entre boulot mal payé et précaire et une solitude profonde, au futur incertain et sans beaucoup d'espoir, pour un quotidien malheureusement bien réel qui fait froid dans le dos.
Anciennement délégué syndical d’une entreprise qui avait fermé malgré les luttes ouvrières, Franck paie chèrement son activisme syndical. A 52 ans, il est gardien de nuit dans un centre commercial de banlieue. Abattu et résigné pour une vie sans futur, il s’ennuie ferme toutes les nuits calmes. Jusqu’à ce qu’il repère un véhicule qui semble en planque. Se doutant qu’une sale affaire se trame, il enquête en solo, pendant et en dehors des heures de boulot, lui redonnant envie de vivre et de sortir d’une trop longue torpeur.
J’ai beaucoup aimé cette lourde ambiance froide et glauque, désespérante au possible avec ces jusqu’auboutisme suicidaire. La banlieue, vue sous cet aspect, est des plus moroses. La narration nous envoute lentement mais surement, pour certes prévisible, mais qui nous laisse pantois de part l’univers délétère en toute circonstance. La situation sociale dans laquelle la crise plonge de plus en plus de gens, est dévastatrice à plus d’un titre. La réalisation est maitrisée et soignée, montant crescendo entre l’enquête obstinée, et les permutations des vies qui se rejoignent. Le final est froid et brutal, et même presque jouissif.
Il faut dire qu’Olivier Gourmet (L’affaire SK1) est excellent encore une fois, hantant d’une emprunte solide par son talent et son aura, un rôle difficile. Valérie Bonneton (Jacky au royaume des filles) est également marquante, ainsi que Marc Zinga (Les rayures du zèbre) et Thierry Hancisse (Renoir), comme Jean-François Cayrey (Des lendemains qui chantent) et Paco Boublard (La French), Nader Boussandel (Amour sur place ou à emporter) et Vincent Debost, comme de Julie Ferrier (Lou ! Journal infime) et Bénabar.