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Le labyrinthe du silence - Im labyrinth des schweigens

Premier long métrage de Giulio Ricciarelli, qui s’est inspiré de l'histoire vraie de Fritz Bauer, sur l’ouverture du procès retentissant contre les anciens nazis du camp d’extermination d’Auschwitz en 1963, pour un effort de mémoire et de justice, tant aux victimes qu'aux civils, face à l'oubli voulu par les bourreaux que les alliés dans la guerre froide et le rideau de fer.

Dans l’Allemagne d’après guerre en 1958, Johann Radmann un jeune procureur découvre avec stupeur l’existence du camp de concentration d’Auschwitz et de la machine d’extermination de juifs, par l’intermédiaire du Journaliste Thomas Gnielka, voulant porter plainte contre un enseignant ayant été un SS du camp. Après enquête personnelle qui mène le petit juge à des blocages de la part de ses collègues et compatriotes qui ne souhaitent qu’oublier la guerre et le nazisme, mais aussi de la part des troupes d’occupations soviétiques et américaines, il obtient l’ouverture du dossier par le procureur Bauer. Ainsi, Johann se met en quête des Eichmann et Menguele qui lui échappent, avant de se tourner sur le personnel ayant servi dans le camp d’Auschwitz.

J'ai suivi cette dramatique avec beaucoup d’intérêt, tant la reconstitution des faits dans l’ambiance d’après guerre est stressante et bouleversante. Ainsi, de montrer que la solution finale se devait être secrète aux yeux de tous pour plus d’efficacité meurtrière, mais qu’elle a impliquée un nombre considérable d’exécutants en tous genres, est bien resituée. De même, que les assassins ne sont pas des psychopathes à la serial killer, mais des quidams, des gens normaux, nos voisins, nos collègues, nos amis… nous peut-être ? Une Allemagne d’après guerre qui panse ses plaies, tente d’oublier l’innommable, Parce que tous les allemands n’ont pas été tous des nazis, il se devait de faire ce procès d’allemands par les allemands pour les allemands. Punir ces monstres qui ont fait tant d’horreurs et se désolidariser de ceux qui ont salis l’ensemble des citoyens qui ont en retour payés très cher leurs saloperies. Des millions de victimes innocentes, des millions de civils tués, des milions de femmes violées, un pays dévasté.

Cependant, le personnage de Johann Radmann, qui est fictif afin d’unir en un seul protagoniste les trois procureurs qui furent effectivement désignés par Bauer pour d’entreprendre cette prodigieuse entreprise judiciaire pour la mémoire et la justice, me gène aux entournures. Cette sorte de petit candide chevalier immaculé, sans tâche et sans passé, intransigeant et sans reproche, laisse quelque peu pantois par trop de virginité, plus blanc que blanc que s’en est douteux. En effet, s’il était né en 1930, on pourrait s’étonner qu’il n’ait pas été dans la hitlerjugend (conscription obligatoire à toute la jeunesse allemande à partir de 10 ans dès 1936), ou enrôlé dans la Volkssturm de fin de guerre, soit quinze ans en 1945. Il n'aurait eu lui non plus aucun souvenir de son enfance pendant la guerre ? Ça sonne trop le saint justicier.

Historiquement, c’est Fritz Bauer, juge et procureur qui fut à l’initiative des procès d'Auschwitz qui eurent lieu à Francfort-sur-le-Main, et où ont comparu des gardiens du camp d’Auschwitz. Bien que juif, il avait pourtant adhéré au parti nazi en 1920, pour être ensuite arrêté et exclu de la magistrature. Il réussi à s’exiler, avant de rentrer après la guerre.

Le casting est remarquablement convaincant avec Alexander Fehling, André Szymanski et la bien jolie Friederike Becht (Hannah Arendt), ainsi que Johannes Krisch (360) et Hansi Jochmann, de même Johann von Bülow, Robert Hunger-Bühler et Lukas Miko, Gert Voss, qui nous plongent dans une réalité avec beaucoup de talent, d’émotion et de conviction.

2 étoiles

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