C’est au tour d’Alex Lutz de passer pour la première fois aux commandes de la caméra, tant côté cours que côté jardin, dans un prolongement de ses one man shows dont on retrouve l’ambiance, le style et la verve comme de certaines thématiques qui lui sont chères, lors de ses spectacles qu'il explore plus avant dans cette comédie douce amère acidulée.
Alors qu’Alex et Jeff, son meilleur ami depuis le lycée, travaillent dans la même entreprise, avec le même éprit de déconnade d’ados attardés. Mariés, l’un avec Cécile, l’autre avec Carole, ils forment une famille, menant une vie tranquille pépère, sans ambition particulière. Lorsqu’apparait Thibaut, ancien ami d’enfance d’Alex. Celui-ci, spécialiste en développement personnel, va susciter avec son bagout et sa vision de la vie, des désirs plus ou moins enfouis chez Alex, et par ricochet chez Jeff. Des envies de réussir sa vie rêvée, va éloigner Alex de ses proches, avec des conséquences inouïes.
J’ai bien aimé le récit de cette histoire d’amitié, de gourou qui met la zizanie avec ses notions de vie et de réussite en fonction de talents plus ou moins cachés de chacun, surtout chez Alex, pour masquer le manque total de son côté et vivre ceux des autres par procuration. Moi par exemple, je voulais faire de la bande dessinée et j’ai fais de la publicité, sans talent ni envie, pour me retrouver aujourd’hui dans de la gestion, pas plus enthousiasmant. Je ne considère pourtant pas avoir raté ma vie, pour avoir d’autres centres d’intérêts.
Alex Lutz dénonce bien certaines idées toutes faites qui gâchent des amitiés et des amours, comme des vies personnelles et professionnelles. Il dénonce aussi ces gourous de sectes qui manipulent les simples d’esprits, victimes de bonimenteurs et d’idée reçues sur la notion de réussite arbitraire et intolérante. A chacun sa vie selon ses désirs et ses possibilités, à chacun ses réussites et ses satisfactions. Pour une fois, on est loin des considérations véhiculées par les médias au profit des nantis, et le mépris pour nous autres. Quelques petites longueurs viennent de temps à autre cassé le rythme, heureusement vite oubliées par des rebondissements.
Donc Alex Lutz (Sous les jupes des filles) acteur, passe bien, avec Tom Dingler, agaçant comme il faut, quand Bruno Sanches (Jamais le premier soir) est parfait. si Audrey Lamy (Les souvenirs) nous fait son même rôle récurent, elle le maîtrise avec amusement, quand la belle Anne Marivin (SMS) est dans l’émotion. Sylvie Testud (Papa was not a Rolling Stone) est très drôle, de même les Julia Piaton (Tiens-toi droite) et Emmanuelle Michelet (Rue Mandar). Jeanne Moreau est parfaite et émouvante. Enfin les jeunes Martin Daquin (Mince alors !), Nicolas Jamet et Marcel Otlinghaus, sont dans l’ambiance générale.