Très beau film dramatique de Gilles Legrand (Tu seras mon fils) situant son récit sur la fin de la première guerre mondiale, entre deux êtres et deux blessures de la guerre, qu’une union aussi antinomique rend une situation encore plus douloureuse pour tenter de se reconstruire autant que faire se peu, entre des caractères forts et déterminés dans une grande tourmente.
En ce mois de juillet 1918, en Picardie à quelques kilomètres du front, une jeune femme se présente pour un poste d’infirmière à domicile. Charles, officier de 50 ans a été amputé d’une jambe quelques semaines plus tôt. Il accepte Angèle, jeune femme de 25 ans dont son compagnon et père de Louise 9 ans, est mort dans les tranchées. Une relation amicale débridée se noue entre deux blessés, dont la passion commune pour l’équitation via la jument Mandarine le rapproche. Malgré l’importante différence d’âge et de caractère, Charles plus vieille école souhaite épouser Angèle plus féministe. Une union de raison sans amour pour la jeune femme qui impose des closes drastiques dans leur contrat de mariage.
Si l’action se situe lors de la grande guerre, la trame est intemporelle. En effet, mis à part les uniformes, bruits de canons et allusions à la guerre, on ne voit jamais le conflit, qui pourrait situer l’action en d'autres temps d'autres guerres. La thématique étant plus centrée sur une histoire de relation aussi peu romantique que possible, entre deux êtres meurtris, l’un dans sa chair, l’autre dans son cœur. Une union dont le contrat de mariage pour le moins pointilleux jusqu'au jour, lieu et heure des relations conjugales spécifiées, qui change la donne dans la relation amicale et joyeuse qui disparaît pour un quotidien lourd dans une ambiance délétère, qui se détériore naturellement. J’ai beaucoup aimé ce récit dramatique, avec un ton résolument moderne dans les propos et dans les mœurs. J’ai éprouvé un grand malaise pour les deux protagonistes, se fourvoyant dans une union difficile, dont la fin me parait un peu trop naïve. La réalisation est superbe, sur des images magnifiques et une mise en scène maitrisée, pour une ambiance qui hante longtemps.
D’autant que le jeu des interprètes est superbe, avec Olivier Gourmet (Jamais de la vie) fabuleusement excellent, et la grande révélation d’un immense talent dont Georgia Scalliet, pensionnaire à la Comédie française, nous offre avec autant d’émotion et de charme. Dimitri Storoge (Belle et Sébastien) est parfait, ainsi qu’Hélène Vincent (Attila Marcel), de même Fred Ulysse (Ma part du gâteau) et la jeune Marine Vallée qui est marquante. Romain Bouteille et Michel Robin (Vous n’avez encore rien vu), comme Urbain Cancelier (Bienvenue parmi nous) et Alix Bénézech (La belle saison) sont de l’ambiance générale.