Par bobmorane75
Après une magnifique restauration, le film de Christian-Jaque, réalisé en 1941 d'après l'œuvre de Pierre Véry, se révèle une superbe ambiance pour un récit conte de Noël ou les références à l’occupation allemande et messages subliminaux se décryptent avec plaisir autant que l’histoire pleine de rebondissements.
Sortie de l’école en cette veille de Noël, dans un petit village de montagne enneigée. Les enfants sont impatients de la visite du Père Noël dans la nuit avec les cadeaux. C’est la tâche qui incombe chaque année à Cornusse père de Catherine, la trentaine à la santé fragile, douce rêveuse qui attend son prince charmant. Bien que courtisée par monsieur l’instituteur qui la laisse froid, le retour du Baron après son tour du monde pour trouver l’amour, risque de la réveiller. Quand à l’église, on sort le beau diamant pour la crèche, qui attise les convoitises d’un voleur avec le meurtre du père Noël. Une enquête va être un peu trop rondement menée, en attendant les gendarmes.
Ce très gentil petit conte pour enfant, sous une forme de polar, auquel se rajoute le non-dit de l’occupation de la France, trouve des symboles sur l’attente de la libération en filigrane. Je me suis laissé totalement emporter par cette attente des enfants pour la visite du père Noël et ses cadeaux entre rêves et désirs, de même que les adultes pour d’autres attentes comme l’amour. L’ambiance est aseptisée par la neige, mais est pleine du bruissement des
rumeurs dans le petit village. Ainsi, la tête pleine de rêves par le père Cornusse avec ses contes et légendes imaginaires des pays lointains, entretien chez eux une belle féérie. Dans un chassé croisé de destins qui s’enchevêtrent entre les enfants, les voleurs et assassins, les gendarmes qui n’en finissent pas de ne pas arriver là où les attend, entretien un rythme soutenu entre humour et émotion.
Décidé avec l’aval de Goebbels, de créer une filiale française de la société de production cinématographique allemande U.F.A. afin de produire des films français. la Continental Films se lançait dans la production, tout en refusant de réaliser des films de propagande. Ainsi, l’ancêtre de l’UGC n’aura pas à rougir de réalisations, tant elle produira des films de qualité. Christian-Jaque nous offrait en effet un bien joli film qui soixante dix ans plus tard fait preuve d’autant d’émerveillement.
Un beau casting, avec l’excellentissime Harry Baur, accusé à tort d’origines israélites sera arrêté et maltraité durant des mois par la gestapo. La bien jolie Renée Faure, faisait ses débuts au cinéma et épousera le réalisateur quelques années plus tard. Fernand Ledoux et Jean Parédès, Marie-Hélène Dasté et Robert Le Vigan qui collabora avec les nazis fut condamné après guerre. Jean Brochard et Héléna Manson, le grand Raymond Rouleau engagé volontaire en 1940 sera fait prisonnier avant d’être libéré. Marcelle
Rexiane et Marcelle Monthil, Noblet Sinoël et Georges Mauloy, Bernard Blier (Quai des orfèvres), Georges Chamarat (Les mystères de Paris) et Anthony Gildès, ainsi que les jeunes Jean-Marie Boyer et Jean Buquet, Bernard Daydé, Danielle Dorléac demi-sœur de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, et Michel François.
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