Un grand merci à Showshank Films pour m’avoir fait découvrir cette passionnante première saison de la série télévisée britannique d’après la trilogie de l’œuvre semi-autobiographique de Flora Thompson, adapté par la BBC et créée par Bill Gallagher.
Laura Timmins, jeune fille issue d’une famille nombreuse vivant dans le petit hameau de Lark Rise, doit quitter ses parents pour travailler au bureau de poste de Candleford dans le bourg voisin. En cette fin de dix-neuvième siècle, l’adolescente raconte son quotidien et celles de la société de son époque, régit par l’autorité locale, les bourgeois face aux travailleurs agricoles et les artisans. Se croisent les histoires d’amour et des rivalités, tant entre les deux villes que les classes sociales, autant qu’entre les voisins et amis. L’amitié qui se lie entre la jeune fille avec sa patronne et cousine de sa mère, l’adorable Dorcas Lane révèle les vies des uns et des autres dans une époque charnière avant les grands bouleversements qui attendent le début du vingtième siècle.
J’ai beaucoup aimé cette série, sorte de La petite maison dans la prairie en plus british et plus subtile, dans le style des sœurs Brontë ou de Jane Austen. Ainsi, bien qu’il y ait une histoire linéaire qui se suit sur la durée avec la vie de Laura Timmins, chaque épisode aborde un thème différent. La dualité entre le village modeste des paysans et artisans, et la petite ville bourgeoise, se confronte dans cette société de classe du dix-neuvième siècle, qui voit pourtant apparaître des femmes à des postes de responsabilité, des portraits et caractères bien affirmés. Chemin faisant, au fil des épisodes, apparaissent des personnages haut en couleur, qui retracent une époque et des mentalités par le prisme d’une jeune fille. Si l’impression générale bon enfant prédomine avec une fausse naïveté de façade, il se révèle plus subtilement une critique de la société avec une acuité pointue. Je me suis attaché aux protagonistes, qui chacun révèle une humanité dans une époque charnière entre deux mondes que la modernité va rattraper jusqu’à ce petit coin perdu de l’Angleterre.
La réalisation est superbement maitrisée, ne perdant jamais de vue les personnages, dans une magnifique reconstitution d’époque et de mentalité. Se révèle la vie riche et mouvementée des petits bourgs et hameaux à l’activité trépidante, au regard de nos campagnes d’aujourd’hui vidées de toutes activités artisanales et humaines. La richesse des couleurs et lumières, les cadrages et travelings nous font voyager avec une infinie sensibilité, qui n’évite pas les descriptions des difficultés des uns et l’aisance des autres.
La série de 4 saisons, comporte 40 épisodes réalisée de 2008 à 2011, est donc une adaptation de la trilogie autobiographique de Flora Thompson (Flora Jane Timms, 1876- 1947), née dans une famille nombreuse. Flora a effectivement travaillé dans différents bureaux de poste dès 1891 sous la direction de Mme Kezia Whitton. L’influence de Jane Austen apparaît dès son premier texte en 1911 avec The companion ladies à ce sujet. La trilogie de Lark Rise to Candleford est publié dès 1939, puis un sequel Heatherley.
Avec la belle et excellente Olivia Hallinan (Jack falls) pleine de spontanéité et de vivacité apporte une aura à son personnage, face à Sarah Lancashire émouvante et facétieuse à souhait. Il en est de même de Julia Sawalha et Fergus Drysdale, Martha Murdoch et Claudie Blakley, comme de John Dagleish (Monuments Men) et Thomas Rhys Jones, Mark Heap et Karl Johnson (The deep blue sea), ainsi que Linda Bassett et Matilda Ziegler, Sophie Miles et Hope Yeomans, ou encore Brendan Coyle et Victoria Hamilton parmi tant d’autres qui apportent leur talent avec conviction.
La série Lark Rise to Candleford, distribué par Showshank Films, est disponible dans les meilleurs bacs depuis le 7 mars 2016 en blu-ray et DVD. Il est proposé en version originale anglaise sous-titré français.