Un très grand merci à Blaq out pour m’avoir permis de découvrir ces deux réalisations, un film et un documentaire iranien de Keywan Karimi, qui lui ont coûtés une lourde condamnation par le régime islamiste.
Drum - طبل , réalisé en 2016 d'après le roman d’Ali-Morad Fadaei-Nia.

L’ambiance est onirique, les personnages n’ont pas de nom, ni les rues. Téhéran est le seul personnage dont le nom est constamment évoqué. Un avocat, comme beaucoup d’autres, travaille et vit seul dans son appartement, qui est à la fois son bureau et son domicile. En une journée froide et pluvieuse, un homme fait irruption dans son appartement, echange quelques mots qui peuvent prêter à confusion, et lui donne un paquet qui va complètement changer sa vie.
Avec Amirreza Naderi, Sara Gholizade et Ibrahim Zanjanian, Elyas Rasouli, Habib Honaramooz et Ardalan Haji Rahim, Ahmad Ghoorchi, Ali Farschchi et Mohammad Safajooee.

Un film terriblement puissant de par l’atmosphère pesante dont la peur suinte par la grisaille humide qui colle et empeste avec une arythmie cardiaque tant dans le son que l’image s’impose en nous. J’ai ressenti un malaise dérangeant comme peuvent le subir les habitants sous régime des dictatures. Rarement j’ai eu ce sentiment dans les nombreux films iraniens, tant la terreur et le danger n’est pas visible mais si intrinsèquement palpable par les démarches et les regards qui expriment autant d’effroi.
Writing on the City - Neveshtan bar Shahr- نوشتن بر شهر, réalisé en 2012 / 2015.

Dans la tourmente de la révolution iranienne qui a changé toute l’histoire politique de ce pays, les portraits de Khomeini et Shariati étaient omniprésents à Téhéran. La grande diversité des slogans a teinté la ville de nouvelles couleurs. Puis la guerre Iran-Irak a éclaté. Les images de martyrs, de chefs militaires et de héros ayant bravé la mort ont tapissé la ville. Ses murs sont devenus le thermomètre social et politique de la société iranienne. Un nouvel espace d’expression publique était né. Le film raconte l’histoire de ces 30 années entre le début de la révolution islamique et la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009.
Avec les voix de Salman Razavi et Farahnaz Sharifi.

Très beau documentaire commencé en 2012 et terminé en 2015, qui relate l’histoire de l’Iran juste avant la révolution islamique où la contestation s’exprime en contre carrant la censure du régime du Shah et de la propagande des médias du gouvernement en place. Le peuple et les islamistes s’emparent de la liberté d’expression pour sa propagande qui deviendra sous contrôle jusqu’à la révolution du printemps des étudiants. Une évolution entre les slogans, puis les versets religieux, les soutiens à la guerres contre l’Irak et les appels aux martyres, l’image devient une caricature du capitalisme d’un islamisme vaincu par la société de consommation de masse. J’ai été passionné par ce documentaire puissamment parlant par l’image.

Cinéaste kurde iranien, Keywan Karimi a été accusé d'avoir insulté le régime dans Writing on the city. Le tribunal révolutionnaire islamique l’a condamné le 13 octobre 2015, à six ans d'emprisonnement et à 223 coups de fouet pour « propagande contre le fonctionnement du régime gouvernemental » et « insulte à l'encontre des principes sacrés », principalement pour une scène de baiser. Condamnation ramenée en appel à un an de prison et à une amende de 20 millions de rials, en plus des 223 coups de fouet initiaux. Il a été libéré le 19 avril 2017, après avoir purgé 5 mois de prison. Cependant, la peine de prison de 5 ans et les 223 coups de fouet peuvent être appliqués à tout moment.
Drum + Writing on the city: 2 films de Keywan Karimi, distribué par Blaq out, est disponible dans les meilleurs bacs depuis le 9 mars 2017 en DVD. Il est proposé en version iranienne sous-titrés français. Dans les suppléments, un entretien avec Jean-Michel Frodon, critique de cinéma Entretien avec Abbas Fahdel, réalisateur.
