Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 13:06

Très intéressante websérie dramatique lesbienne canadienne réalisée en 5 saisons de 2010 à 2016 en 71 épisodes par Jason Leaver, qui aborde à partir du coming out d’une adolescente les réactions homophobes violentes et du parcours difficile pour ces jeunes filles, tant vis-à-vis des autres que d’elles-mêmes.

Meilleures amies, Rose Miller et Vanessa LeMay, sont deux adolescentes qui sentent confusément que leur lien très proche va au-delà de l’amitié. Véritables âmes sœurs, confuses sur leurs sentiments, elles décident de s’embrasser et tester leur attirance. La confirmation les trouble, et va bouleverser leur vie.

Se sachant lesbienne, Rose est soulagée, quand Vanessa prend peur avec son éducation religieuse parentale, et refuse de s’assumer. Sa mère Theresa fait preuve d’une homophobie primaire qui déchire et sépare les jeunes filles. Nathan, le père de Rose, l’accepte sans trop de difficulté, mais cumule les maladresses désastreuses.

Rose, désolée d’avoir été rejetée par Vanessa, trouve le réconfort avec Claire Daniels qui s’assume totalement, qui provoque agression par Brittany Robinson sur Rose par homophobie, quand Vanessa, perdue sous le poids de la haine de ses parents, et de son amour perdu, se persuade vainement bisexuelle et fugue, avec de lourdes conséquences traumatisantes.

Les séances aux Pflag et les thérapies ne seront pas de trop pour le grand travail intérieur afin de réparer les cœurs et les âmes brisés. Bien que perdues de vue, tentant de survivre à leurs traumatismes et culpabilités respectifs, Rose et Vanessa ne cessent de penser l’une à l’autre entre amour déçu et haine réciproque, faisant porter sur l’autre leurs douleurs et chagrin, mais dans l’espoir du grand amour pour la vie, en s’assumant enfin en grandissant.

Une belle histoire ludique, qui reprend le schéma classique cliché de deux copines de toujours qui font face à leurs ressentis et orientations sexuelles, dans une culture homophobe dont les violences à l’école comme dans la famille, permettent d’aborder les différentes étapes de constructions personnelles. Ainsi, les réunions au Pflag à partir de témoignages réels, sont éloquents, émouvants et instructifs, les séances chez la psy de Vanessa, terriblement éprouvante et passionnante, -à contrario, celle de Nathan sont totalement inintéressantes- et la conversation avec Sera, apportent des réponses et tentent de désamorcer le sujet, à l’attention des jeunes filles encore confuses, ainsi qu’aux parents et aux homophobes et les indifférents.

Entre South of nowehere, Anyone but me, Faking it, cette série dramatique est émouvante en abordant divers aspects des révélations et conséquences de l’homosexualité. Originale et sympa, le doublement des personnages pour illustrer leurs  dialogues internes. Ainsi, nous suivons le douloureux parcours amoureux de Rose et Vanessa, font face à leur amour et l’acceptation de soit par des cheminements en fonction de leur environnement familiale et de leur éducation.

Étonnamment, ce n’est pas forcément Rose la plus sympathique bien qu’attachante, tant elle est blessante avec toutes ses petites amies. Guère mieux pour Claire, dont l’exubérance est vite agaçante bien qu’émouvante. Nathan est carrément exécrable, en père glauque et malsain dans son comportement avec sa fille. C’est en fait Vanessa qui nous touche le plus, de part sa fragilité, ses combats contre les autres et luttes intestines, dont son amour indéfectible est terriblement émouvant, bien qu’elle ne soit pas au bout des déceptions avec une Rose qui ne promet pas vraiment le bonheur final.

Alicia est également adorable, quand la Vanessa 2.0 « Nessa » est encore plus touchante, ainsi que Tracey. Une troublante relation donc, malsaine pèse dans la relation père / fille, dont Nathan est finalement pire que Theresa –pire que Paula Carlin, si, si c’est possible !- mais qui en définitive, en étant plus brutale et frontale est moins vicieuse et insidieuse que Nathan.

Une réalisation prenante, avec un parti pris sur les réunions, séances et dialogues ludiques pour aborder des témoignages, digressions et argumentaires judicieux. Cependant, la trame est souvent maladroitement écrite, avec des rattrapages de scènes comme des oublis perdus en court de route, des redits avec l’intervention de la mère de Claire qui raconte trois fois la même histoire, et des personnages qui se perdent ou d’autres pas assez développés quand ils méritaient meilleur traitement, sans compter ceux qui arrivent de nulle part pour disparaitre aussitôt sans explication.

Perturbant également le changement d’acteur pour Nathan, dont le second a moins de charisme et de talent, au profil plus vicieux et malsain. La chansonnette anachronique poussée à la Jacques Demy assez bizarrement est amusante, comme émouvante la chanson It was real de Livi. Un récit parfois bancal, des protagonistes variés, pour des obstacles à surmonter beaucoup de douleurs. Une série complémentaire avec le journal vidéo de Rose -Out with Dad: Rose's Video Diaries- en 12 épisodes- permet d’approfondir ses ressentis et un dialogue avec les fans. Enfin, cet appel au dialogue envers les fans avec l’équipe du tournage et des conseils vers les Pflag.

Avec un très beau casting, dans lequel Kate Conway et Lindsey Middleton, sont excellentes, de même Caitlynne Medrek, Jonathan Robbins et Will Conlon, Corey Lof, Laura Jabalee Johnston et la terrible Wendy Glazier, Kelly-Marie Murtha, Robert Nolan, Darryl Dinn et Jennifer Kenneally, Elizabeth Stuart-Morris, Sarah Robbins et Rosana Zammit, Aidan Gowland, Harpreet Sehmbi et Neil Silcox, Chandler Loryn, Shailene Garnett et Afshan Golriz, Katherine Fogler, Russell Winkelaar et John Cianciolo, Samantha Wan, Keisha Prince, Heat V. Salazar et Louisa Zhu, dont on peut regretter que certaines n’aient pas développé une carrière.

Partager cet article
Repost0

commentaires