Un grand merci à BQHL éditions pour m’avoir fait découvrir cette restitution lyrique dramatique réalisée en 1994 par Gérard Corbiau, sur l'art baroque du chant des castras..

Naples, début du XVIIIème siècle. Le compositeur Riccardo Broschi décide de faire castrer son petit frère Carlo, le futur Farinelli, en maquillant sous forme d'un d’accident, afin qu'il puisse conserver cette voix cristalline sensationnelle sans laquelle sa musique ne vaudrait rien. Le jeune homme parcourt les opéras avec son frère. Une jeune femme, Alexandra, vient demander aux frères Broschi de donner une représentation dans un petit théâtre anglais en situation de faillite. Avec le succès, s'engage une concurrence entre les Broschi et le célèbre compositeur Haendel, leur ancien maître. Le théâtre gagne considérablement en popularité, mais Haendel tente par tous les moyens de récupérer la voix exceptionnelle de Farinelli. Il révèle la vérité qui a coûté sa virilité à Farinelli. Ce dernier se sépare de Riccardo. Farinelli et Alexandra sont amoureux. Riccardo cherche à se faire pardonner et s’offre de donner à son petit frère un enfant à Alexandra.

Plus une restitution d’un art disparu, fort heureusement, qu’un biopic dont de nombreux éléments sont fictifs tels la relation entre les frères, les interventions d'Haendel, et l'origine de la castration, ce film rend un hommage appuyé aux castras, enfants mutilés contre leur volonté, et à leur voix lyrique à travers l’un d’entre eux en particulier avec ce quelque chose de profondément dérangeant dans l’admiration et l’envoûtement du son d’un enfant vénéré jusqu’à la sexualité pédophilique. Ainsi, la mutilation forcée de jeunes enfants chanteurs afin de préserver une sonorité particulière de part les octaves aux cristallins aiguës, donne une impression de monstruosité. D’autant plus terrible avec le frère compositeur qui ne recule devant rien jusqu’à faire mutiler son petit frère et de le manipuler pour sa carrière.

On pourra regretter l’obsession de la sexualité échangiste et d’une fin risible et malaisée d’offrande d’ensemencement. Les décors et les costumes sont magnifiques, dans une mise en scène maîtrisée, pour une narration fascinante. Afin de reproduire au plus près la réalité la voix de castra, la réalisation a combiné celles du contre-ténor Derek Lee Ragin, et de la soprano colorature Ewa Małas-Godlewska.

Avec Stefano Dionisi, Enrico Lo Verso et Elsa Zylberstein, Caroline Cellier, Marianne Basler, Jeroen Krabbé et Renaud du Peloux de Saint-Romain, Omero Antonutti et Pier Paolo Capponi, Graham Valentine, Jacques Boudet et Delphine Zentout.
Le film Farinelli, distribué par BQHL éditions, et sa page Facebook est disponible dans les meilleurs bacs depuis le 5 mars 2020 en DVD. Il est proposé en version originale anglaise sous-titrée français. Dans les suppléments, Nostalgie d’une voix perdue, documentaire, Entretien de l’équipe du film.
