Un grand merci à Hanabi et à l'agence Arcadès pour m’avoir permis de découvrir ces cinq magnifiques films japonais sortis entre 2010 et 2020, réalisés par Kôji Fukada pour des chroniques de la société nippone avec un regard savoureux.
Hospitalité – Kantai - 歓待 (2010).
Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans une banlieue industrielle de Tokyo avec son épouse Natsuki, sa sœur Seiko et Eriko la fille qu’il a eue d’une précédente union. À la tête de l’imprimerie familiale, son quotidien est rythmé par le travail. Celui de la famille est d’une grande régularité que rien ne semble pouvoir venir perturber. Jusqu’à l’arrivée de Hanataro Kagawa. L’irruption de cet étranger dans la vie de Kobayashi et des siens, et bientôt sous son toit, va rapidement semer le trouble dans leur quotidien tranquille.
Avec Kenji Yamauchi, Kiki Sugino et Kanji Furutachi, Bryerly Long et Kumi Hyōdō, Eriko Ono, Naoki Sugawara et Haruka Saito, Tatsuya Kawamura et Hiroko Matsuda, Hideki Nagai, Makoto Adach et Ryuzo Hayashi, Tsuyoshi Kondo, Kenichi Akiyama, Reiko Tahara et Ruriko Tenmyo, Sakurako et Momoi Shimada et Eiji Leon Lee.
Au revoir l'été - Hotori no sakuko - ほとりの朔子 (2013).
Accompagnée de Sakuko, sa nièce, qui prépare son entrée à l’université, Mikie est de retour dans son village natal pour mener à bien la traduction d’un roman indonésien. La langueur estivale de la campagne japonaise est l’occasion pour Mikie, de renouer avec Ukichi, un ancien amant, gérant d’un love hotel clandestin et pour Sakuko de se rapprocher du timide Takashi, réfugié de Fukushima. L’ambition studieuse de cet été cède peu à peu la place à une rocambolesque ronde affective où la délicatesse et le burlesque ne masquent jamais tout à fait la dureté du Japon contemporain.
Avec Fumi Nikaidō et Mayu Tsuruta, Taiga Nakano, Kanji Furutachi et Kiki Sugino, Makiko Watanabe, Takashi Ohtake et Ena Koshino, Natsuko Hori et Hiroko Matsuda, Kôtarô Shiga et Kazuhiro Sôda.
Sayonara – Sayônara - さようなら (2015) d'après la pièce d’Oriza Hirata.
Dans un avenir proche, le Japon est victime d’attaques terroristes sur ses centrales nucléaires. Irradié, le pays est peu à peu évacué vers les états voisins. Tania, atteinte d’une longue maladie et originaire d’Afrique du Sud, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, son androïde de première génération que lui a offert son père. Toutes deux deviennent les dernières témoins d’un Japon qui s’éteint à petit feu et se vide par ordre de priorité, parfois selon des critères discriminatoires. Mais doucement, l’effroi cède la place à la poésie et la beauté.
Avec Bryerly Long et le véritable androïde Geminoid F, Hirofumi Arai, Noémie Nakai et Irène Jacob, Nijirō Murakami et Mariko Murata, Yūko Kibiki, Mari Yamamoto et Jérôme Kircher et Yoshiko Fuji.
L'infirmière – Yokogao - よこがお (2019).
Ichiko Shirakawa est infirmière à domicile. Elle travaille au sein de la famille Oishi où elle soigne la grand–mère Toshiko. Ichiko aide également les enfants de Yôko, les sœurs Saki et l’aînée Motoko, qui veut être infirmière comme Ichiko dont est elle est amoureuse. Quand un jour, Saki, disparaît. Motoko, déçue du prochain mariage d’Ichiko, révèle des confidences qui accusent l’infirmière de complicité avec le kidnappeur Tatsuo Suzuki qui n’est autre que son neveu. Suit une frénésie médiatique qui met Ichiko le dos au mur et son désir de vengeance.
Avec Mariko Tsutsui et Mikako Ichikawa, Sōsuke Ikematsu et Mitsuru Fukikoshi, Hisako Ōkata et Miyu Ogawa, Ren Sudo, Kentez Asaka et Nahoko Kawasumi.
Le soupir des vagues - Umi o kakeru - を駆ける (2018).
En quête de ses racines, Sachiko rend visite à sa famille japonaise installée à Sumatra. Tout le monde ici essaie de se reconstruire après le tsunami qui a ravagé l’île il y a dix ans. À son arrivée, Sachiko apprend qu’un homme mystérieux a été retrouvé sur la plage, vivant. Le village est à la fois inquiet et fasciné par le comportement de cet étranger rejeté par les vagues. Sachiko, elle, semble le comprendre.
Avec Dean Fujioka et Mayu Tsuruta, Taiga Nakano et Junko Abe, Adipati Dolken et Sekar Sari.
Cinq films de l’œuvre de coffret Kôji Fukada qui nous plonge dans son univers étrange et sublime. Avec Hospitalité, inspiré de Une nuit à l'opéra des Marx Brothers, le réalisateur aborde la thématique actuelle et universellement partagée dans nos sociétés sur le trafic humains et le rejet des migrants clandestins. Dans Au revoir l’été, dans un style rohmerien, les conséquences de Fukushima que les secrets se révèlent, pas toujours glorieux. De même avec cette étrange L’infirmière entre vengeances amoureuses dans lequel Fukada s’avère moins à l’aise en polar mais toujours brillant en regards sociétales.
Se lisent divers traumatismes, attentats -Sayonara-, enlèvement, tsunami -Le soupir des vagues-et catastrophe nucléaires qui touchent le Japon dans la chair et l’âme des habitants. Avec son œil tendre, Kôji Fukada rend ses personnages attachants, dans des narrations, des jeux et des profils marquants d’une ambiance et d’une impression envoutante dans l’esprit japonais évanescent que j’aime tant.
Le coffret Kôji Fukada, distribué par Hanabi et sa page Facebook est disponible en DVD + libvret de 32 pages Une saison avec Kôji Fukada dans les meilleurs bacs dès le 5 octobre 2021 Il est proposé en version originale sous-titrée français et en version française. Dans les suppléments, entretien inédit avec le réalisateur Kôji Fukada, Post et trans humanisme, entretien avec Carlos Tello.