Un grand merci à Crunchyroll et à Arcadès pour m’avoir fait découvrir cette série animé japonaise de douze épisodes, sortie en 2024, réalisée par Yuta Murano, d’après le manga éponyme de Suu Morishita, pour une belle romance dans le monde du silence de la surdité.
Yuki Itose est une étudiante en situation de handicap de surdité. Comme beaucoup, elle construit son quotidien autour de ses amis, des réseaux sociaux et de ce qu'elle aime. Mais quand un jour, elle croise un jeune homme, Itsuomi Haki, son univers va être chamboulé. Bien que trilingue, il ne connaît pas la langue des signes, mais pas déconcerté, il interagit naturellement avec elle. Alors qu’il l’entraîne progressivement vers un nouveau monde, Yuki commence à éprouver des sentiments pour lui. Cependant, Ôshi Ashioki, le meilleur ami d’enfance de la jeune femme est éperdument amoureux d’elle, quand Ema Nakazono, l’est ouvertement de l’étudiant, quand Rin Fujishiro est amoureuse de Itsuomi.
Du bout des doigts et de l'amour. Moi-même fortement malentendant, appareillé et m’aidant par la lecture labiale, la déficience de Yuki m’interpelle forcément, comme des millions d’entre nous. On ne s’en rend pas compte, mais si cela ne nous empêche de vivre et d’aimer, il est source de nombreuses difficultés quotidiennes, d’autant dès notre naissance. Ainsi, notre jeune héroïne, sort-elle de son univers avec son premier émoi amoureux et s’ouvre sur des ressentis jusqu’alors inconnus. Sourde, on se demande ce que lui apporte ses aides auditives, et si elle n’est pas muette de surcroit, à l’inverse des vrais handicapés, ne s’exprime pas vocalement.
En ce qui me concerne, je ne compte pas le nombre de fois on m'a rabroué parce que je parlais en mots déformé ou criais trop fort, avec une voix « agressive », et j’en passe. Ce n’est visiblement pas le cas de Yuki, à priori aussi muette que sourde. Avec cette mini-série aux triangles amoureux croisés, les auteurs permettent à tout un chacun, de découvrir les difficultés et les passerelles de vie et de communications interactives entre les deux mondes. Il suffit pour rendre la vie supportable entre nous tous, quelques soient nos différences, d’ouverture d’esprit et de tolérance. Et d’un peu d’effort. Cela va de soit pour toutes les formes d’handicapes, que pour les différences de tailles, de formes, de couleurs, de genres et d’opinions. En l’occurrence, le monde du silence, comme celui de la nuit, est une forme supplémentaire de frustrations et d’efforts quotidiens pour ne pas être exclu. Sans revenir à moi, j’ai été dans des classes « spécialisées » pour sourds et malentendants, entre six et huit élèves, aux degrés de déficiences variées. Des enseignants pas vraiment très agréables –c’était dans les années soixante-dix- nous considérant presque comme des préadolescents débiles, où tout nous serait interdit dans nos vies futures, personnelles et professionnelles, à cause de…
Une belle série émouvante avec un beau graphisme et une palette de couleurs pastelles, dans le style narratif de Sawako - Kimi ni todoke- nous suivons de l’intérieur les ressentis et errements de la jeune femme amoureuse, avec ses doutes, ses incompris dus à ses difficultés. La langue des signes comporte comme toutes les langues vocales, sa richesse comme ses différences d’un pays à l’autre. Une belle réussite en la matière dans le genre, tant de films sur le sujet, aussi émouvants n’arrivent qu’à effleurer nos ressentis. De l’émotion, des incompréhensions, des rivalités et cependant… Ce n’est pas pour autant que Yuki à dix-neuf ans, soit en tant que jeune femme et handicapée, à être infantilisée par le paternalisme machiste de son petit ami, un homme majeur de vingt-trois ans, plus enclin a relever le défit d’une nouvelle langue, en plus de l’allemand et de l’anglais, plus passionné à voyager et découvrir le monde. La majorité au Japon était encore en 2022, de vingt ans, passée à dix-huit. La jeune fille n'a pas attendu le jeune homme pour vivre, sortir, faire ses étude et avoir des amis comme tout le monde. Ainsi, si une belle histoire d’amour pour Yuki, pour autant, Itsuomi est intrusif et autoritaire dans un empirisme toxique n’ayant rien à voir avec l’amour. Personnage pas l’archétype sympathique, laisse un malaise palpable. La jeune femme n’est pas aussi débile qu’il lui faille la chaperonner avec autorité et tyrannie. Sans doute aurait-il été judicieux de rajouter quelques épisodes supplémentaires, que de s’en tenir au cadre classique de douze, tant la fin parait précipitée.
Avec les voix originales japonaises de Sumire Morohoshi, Yu Miyazaki, Takeo Otsuka, Kaede Hondo et Tasuku Hatanaka, Ryôta Ôsaka, Nao Tôyama, Minami Takahashi, Hana Hishikawa, Kouki Arai, Gakuto Kajiwara et Hiroya Egashira, Emiko Takeuchi, Yu Kousaka, Chihiro Ibuki, Makoto Koichi, Ryôko Shiraishi, Kou Bonkobara, Misa Ishii, Umeka Shôji et Nami Miyahara, Taichi Takeda, Hirosato Amano, Manami Tanaka, Akinari Sato et Takahiro Shibano, Mizuki Wakamori, Mariko Toribe, Ryûnosuke Watanuki, Junji Majima, Wataru Komada et Takako Tanaka, Jun Inoue, Akira Kuwabara, Genki Muro, Misato Matsuoka, Taiki Yamashita et Sôshirô Hori, Takaaki Uchino, Kôsuke Kobayashi, Yôhei Matsuoka et Fumiya Tanaka, Erisa Kuon, Emiri Suyama, Mari Uchiyama, Shin'nosuke Musashi et Haruka Minami, Hodaka Mieno, Aira Iryô, Ayumi Aizawa et Shinobu Shimizu,
et les voix françaises de Clara Soares, Maxime Hoareau, Sébastien Minéo, Adrien Larmande, Cindy Lemineur, Vanessa Van-Geneugden, Yoann Sover, Mathieu Touquet, Gabriel Bonnaud, Kaïna Blada, Laurent Blanpain, Paul Perrier Little, Sophie Ouaknine, Salomé Mallié, Estelle Darazi, Violette Delhommeau, Artemisia Toussaint, Sydney Taieb, Farrah Grabi, Dounya Hadraoui, Chantal Baoin et Nathalie Bienaimé.
La série animée A sign of affection, distribué par Crunchyroll est disponible en Blu-ray, dans les meilleurs bacs depuis le 15 avril 2025. Il est proposé en version originale japonaise sous-titrée français, et en audio français. Dans les supplèments, Génériques d’ouverture et de fin sans texte, Vidéo promotionnelle (VOST), Douze mini-anime Yubisaki Puchi (VOST).