Je continue mes découvertes dans le cadre de la 9ème édition de l’opération « un dvd pour une critique » par Cinetrafic, avec ce coffret de Yoshishige Yoshida.
Yoshishige Yoshida, alias Kijû Yoshida, l’un des cinéastes de la nouvelle vague japonaise s’était vu proposé en 1974 par la NHK la réalisation de documentaires sur l’art. Avec son originalité très personnelle, il a concocté cinq ans durant, une série passionnante, riche et très documentée. Le coffret comprend trois dvd mettant en exergue différents peintres de différentes époques. Avec un parti pris voulu, Yoshishige Yoshida ne parle pas des techniques de la peinture, mais de la personnalité des peintres au travers de leurs œuvres, de leurs époques et des situations politiques et religieuses. Il donne un avis personnel, que je ne partage pas toujours, mais qui à le mérite d’innover quant à l’approche et la vision des œuvres sous un point de vue souvent original. Il met ainsi en confrontation huit peintres, Bosch, Bruegel, Caravage, Goya, Delacroix, Manet, Cézanne et Van Gogh. J’en retiens une très grande solitude générale, beaucoup de souffrance s’exprimant par des œuvres majeures. Pourtant, bien que richement argumenté, je me suis demandé si avec une certaine forme manichéenne et sombre, il n’exagère pas leur importance au détriment d’autres arguments contradictoires qui donneraient un tout autre champ d’investigations artistiques des ces hommes. Il est à noter qu’aucune femme peintre ne figure dans cette galerie. Je me souviens, pour avoir suivi une formation artistique, que les heures passées avec mes profs aux musées, m’avaient semblées plus passionnantes, plus pertinentes avec une vision plus large et véritablement plus justes. Yoshishige nous embarque dans un film dont il raconte une histoire, souvent par le petit bout de la lorgnette qui, aussi passionné qu’il soit, ne me semble pas aller dans le sens du documentaire artistique, mais d’un film d’animation par toiles interposées. Ainsi, il navigue par travelings comme il le ferait dans un film classique, ce qui les rend vivant. Aux grés de son discours, il se met en scène, toujours de dos, en ombre chinoise s’approchant des toiles, ou ouvrant les triptyques. C’est très beau mais un peu trop froid à mon goût. Du coup, je me suis senti en porte à faux dans cet univers étrange, même si j’en ai aimé sa faculté à nous faire voyager et décrire des tranches vies. J’ai des regrets quant à la qualité des images qui auraient méritées d’être remastériser, car elles ont un petit parfum vieillot qui nuit au plaisir d’approcher ces œuvres d’aussi près. Je regrette également pour une fois, qu’il n’y ait pas de version audio française. En effet, on n’a pas le temps de lire les sous-titres et d’admirer les toiles, d’autant qu’il est très bavard et que sa voix quelque peu monocorde, doublé d’une musique sussureuse, donne un aspect somnolent. Très beau coffret donc, qui apporte une lumière différente sur les peintres et sur leurs œuvres, ponctué d’une très grande originalité.
Le film Beauté de la beauté de Kiju Yoshida, distribué par Carlotta, est disponible à depuis le 6 février 2013 en DVD. Il est proposé en version originale japonais sous titrée français. Il est également composé d’une préface intéressante de Mathieu Capel.
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Un grand merci à Cinetrafic et ses partenaires pour me faire partager leurs découvertes.