Terrible et triste histoire, inspirée de la réalité, celle d’Alexia González-Barros, morte à quatorze ans d’un cancer. Issue d’une famille de la secte de l’Opus Deï -mouvement archaïque au sein de l’église catholique, de tendance franquiste. Le film nous narre les derniers mois d’une fillette, rajeunie à 11 ans. La réalisation de Javier Fesser privilégie le style farce à l’italienne, pour mieux nous imprégner de l’ambiance totalement illuminée dans laquelle plane la pauvre gamine. Par soucis d’en faire une sainte martyre, les prélats baignent dans une morbide délectation de la souffrance et de l’horreur pour des vues politico-religieuses. Le réalisateur porte un regard critique sur cette institution plus que douteuse, avec un jeu de caméra qui mêle réalité et fantasmagorie, donnant une émotion à fleur de peau. Dommage qu’il tire un peu trop en longueur, notamment la douloureuse scène finale qui n’en fini plus de s’éterniser presqu’avec perversité. Je n’approuve pas non plus que soit montrée la totale nudité de la gamine, même de quelques secondes, qui n’apporte rien à l’histoire et met mal à l’aise, d’autant plus indécent qu’il récidive en gros plan lors d’une discussion avec la grande sœur. Pour autant, sur l’ensemble, l’histoire est triste et révoltante. Entre les religieux qui manipulent odieusement pour obtenir leur petite sainte, et une mère monstrueuse que la réalisation de l’œuvre compte plus que tout. L’ainée placée au monastère, elle aussi manipulée au détriment d’un chagrin d’amour perpétré toujours par la monstruosité d’une mère fanatisée par la foi, et privant la petite malade de toute visite, de toute correspondance extérieure dans le seul et ultime but d’atteindre la sainteté. Une froideur et d’un manque de sentiment, d’émotion et d’amour, allant à l’encontre des préceptes du christianisme dont elle vénère Jésus par le prisme de sa secte. Etonnant ce passage, où elle jette le livre La ruche (La colnema) de Camilo José Cela, pourtant combattant franquiste de la première heure, -même s’il rejettera la dictature par la suite et censuré quant il sera le renouveau de la littérature espagnole- est évocateur de son étroitesse d’esprit et de son obéissance à l’Ordre. J’ai donc beaucoup aimé le film pour son émotion, pour sa révoltante dénonciation et la très belle réalisation, hélas entachée.
Non seulement la petite Nerea Camacho (Un jour de chance) est merveilleusement belle, mais elle irradie de talent, d’émotion et de charme qui donne à son personnage cette aura extraordinaire qui hante longtemps. Carme Elias est talentueuse au point d’en être détestable, quant Mariano Venancio est magnifique de tendresse et de faiblesse coupable. Manuela Vellés est magnifiquement belle également et très émouvante. Les jeunes filles Miriam Raya et Claudia Otero elles aussi sont très jolies et convaincantes, de même que le gamin Lucas Manzano très maquant.