Si j’ai trouvé le sujet intéressant, que je connaissais par ailleurs, je ne l’ai pas trouvé particulièrement palpitant. Il faut bien dire aussi qu’il est difficile de me faire
pleurer sur le sort de ces détenus, dont les pédigrées sont éloquents. C’est bien sympathique de nous montrer les répétitions d’une pièce de théâtre dans un décor carcéral, mais j’ai trouvé assez
malaisé. Sans sombrer dansle politiquement incorrect, le malaise eut été moins perceptible avec des détenus de droit commun de moindres délits. En d’autres circonstances, c’aurait été
amusant. En effet, je trouve quelque peu déplacé de jouer sur leur sort et l’exercice de style des frérots. Surtout que la réalisation n’est pas transcendante, voir soporifique. Sur des
parallèles entre la prison et la pièce de Shakespeare sur le combat pour la liberté contre la tyrannie, il y a à redire dans cet exemple précis. Les Taviani se sont bien amusés, ont fait des effets de décors et des dialectes sans intérêt, pour repartir ensuite à leurs occupations, en tentant vainement
de nous culpabiliser. La dernière phrase du détenu sur l’avant et l’après pièce dans sa condition de prisonnier me gène considérablement : « Depuis que j’ai connu l’art, cette
cellule est devenue une prison. » Se pose t-on la question de l’avant et l’après de ses victimes qui n’auront probablement jamais l’occasion de jouer une pièce de théâtre ou autre chose
dans leur défunte vie ?