Très beau et surprenant film de William A. Wellmansur sur un scénario de Frank Capra, inspiré d’une histoire vraie. Ce film relate le destin de 150 femmes à marier, parties rejoindre des vachers célibataires à plus de trois milles kilomètres de distance. Au départ, il y a un petit côté glauque ou la comparaison entre bétails et femmes peut prêter à un machisme douteux. Or il n’en est finalement rien, bien au contraire. Le discours, répété inlassablement, est un véritable appel au respect, à la tendresse et à la courtoisie pour les femmes, où l’intérêt de chacun étant de trouver amour et réconfort pour une vie de couple. Nouvelle vie, nouvelle chance mais aussi beaucoup d’épreuves et de morts. Même pour 1951, le message était encore d’actualité, et il est sans doute plus aujourd’hui. J’émets un petit bémol quant à la mise à l’écart des prostituées qui visiblement n’ont pas droit aux mêmes égards, méritant pourtant elles aussi au bonheur. Les hommes veulent bien payer ces femmes pour coucher avec, et sont prêt à les lapider. Pour laver leur propre immoralité masculine ? De même que ce machisme écœurant du baiser amoureux de la femme soumise après deux baffes dans la gueule, qui va à l’encontre du message et me rebute. Le film se suit quand même avec beaucoup d’intérêt, tant il nous montre mille facettes de courage, d’abnégation, de solidarité, de trahison et d’espoirs qu’elles ont pu endurer lors de ce dur et long périple. J’ai beaucoup aimé aussi le regard et l’innovation du jeu de caméra de grande modernité par rapport aux westerns classiques. Notamment ce passage où, pendant la superbe chevauchée des amoureux, se produit une violente attaque indienne contre la caravane, que l’on ne voit pas.
Seul compte au final la vaillance des survivantes et la perte des héroïnes. La place n’est pas aux combats, mais aux femmes dans leur volonté de gagner leur place et de s’imposer. La fin est belle bien sûr, surtout quant ces pouilleux ont pris conscience et se sont à leur tour apprêtés pour les recevoir dignement. Pour une fois dans un western, les femmes ont une place pleine et entière à leur juste valeur.
Robert Taylor (Libre comme le vent) pour le moins détestable lors du maccarthisme, est très convaincant dans son personnage. Beau séducteur, et sale macho. La jolie Denise Darcel, actrice française, joue avec beaucoup de talent et de naturel, entre force et émotion, ruse et tendresse. John McIntire, et Henry Nakamura apportent les liens tendus vers la gente féminine super représenté par de nombreuses actrices de tous horizons, telles Julie Bishop, Hope Emerson ou Lenore Lonergan.