Après avoir été plongé dans la lecture passionnante sur la vie de Rita Hayworth, l’irrépressible désir de voir ou revoir ses films s’est naturellement emparé de moi. J’avais donc commencé avec Seuls les anges ont des ailes et continue avec ce chef d’œuvre que j’avais adoré adolescent. Ce triangle amoureux troublant, partagé
entre amour et haine sans que jamais l’on sache vraiment pourquoi, quand le jeu de la séduction et de la jalousie rendent les personnages faibles, détestables et attachants. Etonnamment, la
flamboyante Rita, qui avait affolé mes sens à l’adolescence, me parait piètre actrice avec une puissante tristesse dans les yeux. Sans doute parce que je connais désormais sa triste vie, parce
qu’elle est surtout une merveilleuse danseuse et que plus qu’objet du désir sexuel, elle donne plus envie de la protéger. Ce que n’ont pas fait ses amants, maquereaux de bas étage… qui se
reflètent dans ce film, où les rôles masculins ne sont pas pour le moins des plus sympathiques. Glenn Ford est particulièrement odieux, à
l’en détester au delà du personnage admirablement joué, quant George MacReady tout aussi excellent parait finalement moins monstrueux. Gilda
est un très grand film, pour toutes les émotions qui nous bousculent, avec cette danse d’anthologie aux déhanchés érotiques, et au déshabillé des gants noirs sur cette chanson qui hante longtemps
« When they had the earthquake in San
Francisco… Put the blame on mame »