Toujours passionné par le livre de Frank Capra, j’ai du chercher loin pour trouver ce film dont il raconte les anecdotes étonnantes sur sa réalisation. Inspiré du livre de James Hilton, j’avoue avoir été mal à l’aise. En effet, je ne sais trop comment comprendre la morale qui est censée s’en dégager. Suite à leur kidnapping, un groupe de passagers se retrouve prisonnier à Shangri-La, centre religieux perdu dans une vallée inconnue du côté du Tibet. Cette sorte d’ashram chrétien avec pour sorte de gourou un prêtre belge plusieurs fois centenaire (pitoyablement ridiculement interprété) est censé être une représentation de Paradis sur Terre. Pas très égalitaire, cette société
fonctionne sur la même base vue ailleurs, où une toute petite élite vit dans l’opulence et le confort moderne, quand la majorité des habitants vivent démunis dans des huttes préhistoriques. Sorte de féodalisme moyenâgeux où l’on tente de nous convaincre du bonheur de vivre en harmonie dans une communauté dont la longévité de vie, sans maladie ni vieillesse, est miraculeuse. Interdit d’en sortir sous peine de revenir à l’âge de ses artères et de mourir de suite. Dans un sens, avec pas mal d’humour, on peut interpréter d’une manière gentiment irrévérencieuse cette pensée d’une société « idéale », mais à l’inverse, il semble que ce soit la version béate et mystique du plus mauvais effet qui s’impose. Pour ma part, cette sorte de secte est tout ce que je
déteste, en espérant me tromper dans mon interprétation. L’une des adeptes préfère même la fuite, mais est punie de mort, comme la femme de Loth. Pourtant cette histoire est plutôt assez comique, tant elle est ponctuée de gags. J’ignore comment le livre décrit ce monde, étouffant et angoissant, mais pour rien au monde je n’en voudrais, ne serait-ce que pour allonger la durée de vie, cloitrée sans aucune individualité ni liberté de mouvement et de pensée. C’est juste beurk ! Les interprètes sont de qualités, ainsi Ronald Colman est tout à fait convainquant, de même que John Howard, Edward Everett Horton ou Thomas Mitchell (Seuls les anges ont des ailes). Les femmes me paraissent plus marquantes, quand bien même leurs rôles sont de moindre importance. Jane Wyatt et Isabel Jewell s’imposent par leur talent et une forte présence, de même que la très jolie Margo. Pas mon préféré des Capra. Poursuivons ma lecture.