Autant le dire d'entrée de jeu, je n'ai pas vraiment aimé.
Certes, c'est bien filmé, bien réalisé, bien écrit. Mais le jeu de caméra, me déplait et m'a mis mal à l'aise. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une reconstitution des eros centers de l'époque. Je
n'ai pas eu le sentiment d'une condamnation réellement marquée. Bertrand Bonello donne avec une certaine complaisance trop dans l'esthétisme léché, avec une
vision contemplative et nostalgique. Sorte de tableau pseudo naturaliste des harems de Delacroix, aux vies lascives, sans révoltes. Le rythme est lent avec quelques
longueurs. Il n'était pas nécessaire de nous montrer crument la mutilation, avec cette répétition obsessionnelle. On l'avait trop bien compris. Inutile aussi d'illustrer la dégoulinure de sperme
des yeux. Le texte, répétitif également, était suffisamment explicite. Le réalisateur semble avoir une préférence pour ces lieux clos, qu'aux trottoirs. Leur cauchemar est le même. Certes, il
nous fait entrevoir une forme de prison, mais avec une vision plus « agréable ». Je doute que les mères maquerelles étaient aussi sympathiques avec ces filles et leurs enfants. Je doute
que le préfet était aussi aimable. C'est oublier de préciser que l'Etat prenait 50 à 60% des recettes, étant le premier maquereau de France, et accentuait l'horreur sur ces filles, juste
considérées comme de la barbaque. Il est vrai que les hommes ne valaient pas mieux en chair à canon. Comment faire croire qu'une gamine de 15 ans voudrait être prostituée ? et encore moins
qu'elle pourrait en sortir comme bon lui semble, même sans dettes. Les actrices jouent vraiment toutes excellemment bien, avec beaucoup de talent et de naturel. Céline Sallette, Jasmine Trinca, Adèle Haenel (Naissance des pieuvres),
Hafsia Herzi, Iliana Zabeth, Alice Barnole, Noémie Lvovsky
Toujours dans le cadre du festival d'été.