Ce qu’il y a de terrible dans cette histoire, c’est que sur un sujet aussi sensible et dramatique, il manque l’essentiel : l’émotion. C’est d’autant plus
étrange que ce qui nous est raconté est terrible et bouleversant. Des hommes, par milliers chaque année, quittent continent, pays, famille et enfants pour une traversée quasiment suicidaire et
meurtrière vers ce qu’ils espèrent être le paradis. Un rêve qui a bien des égards s’avère, pour ceux qui y arriveront, être un enfer qu’il faudra taire, et pour les autres, l’humiliation de
l’échec et de la reconduite à la frontière après un passage dans les centres de rétention. Entre les deux, la mort par noyade, par faim et de soif, perdu en plein océan. Un drame qui touche des
milliers des candidats à l’aventure, souvent manipulés par des passeurs peu scrupuleux, trafiquants de chair humaine, qui leur soutirent toutes leurs économies. Ce que je regrette de la part de
Moussa Toure dans ce film limite documentaire, au demeurant de très belle qualité, c’est de ne pas aller jusqu’au bout de son discours qu’il
assène en of. Les raisons qui poussent toute cette jeunesse à l’exode, c’est la corruption qui gangrène la vie politique, économique et sociale de tout un continent entier. Pas seulement
extérieure, excuse trop facile, mais surtout celle de l’intérieur qui les mine, et que le désespoir poussent à s’expatrier loin de chez eux et de ceux qu’ils aiment. Par contre, le regard lucide
sur ces compatriotes qui, coincés dans une toute petite pirogue dans l’immensité de la mer, réduit à un simple moteur de bateau de trop faible puissance, font preuves de manque de solidarité
entre eux parce que d’ethnies, de religions et de cultures différentes, que leur propre destin et survie importe avant tout. Reste que j’aimé aussi ce regard là, parce qu’il est sans concession
pour les siens qu’il aime et respecte tout en les bousculant.
Les interpretes, Souleymane Seye Ndiaye, Malamine Drame ou la jolie Laïty Fall sont très convaincants et marquants.