Je me souviens que la lecture du roman de Denis Diderot, m’avait fortement marqué à mon adolescence. Il
s’était inspiré de l’histoire vraie de la religieuse de l'abbaye de Longchamp, Marguerite Delamarre, dont la malheureuse n’en est jamais
sortie malgré un procès retentissant. J’avais été aussi beaucoup impressionné par la version de Jacques Rivette -Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot- avec la trop belle Anna Karina.
J’avoue que depuis toujours, tout en respectant l’appel des postulants à la vie monacale, j’en ai toujours été effrayé et j’ai du mal à comprendre les motivations. Renoncer à la vie, s’enfermer pour toujours vers une prison austère, parfois sans pouvoir parler, à de quoi faire frémir d’horreur. Alors quant c’est par la contrainte, c’est pire qu’une prison.
De ce que j’ai déjà vu de Guillaume Nicloux, Holiday et Le Concile de Pierre, ne m’avait pas emballé, et me faisait craindre le pire. Finalement, c’est une très bonne surprise, tant par la réalisation, sobre et efficace, que par la narration, au plus près du livre. Certes, quelques peu plus dévoilé et exacerbé, mais on retrouve l’esprit général. Cette impression d’étouffement, cette espérance que les choses s’arrangent, et cette révolte face à autant de cruauté impuissante m’a pris aux tripes tout du long. J’ai beaucoup aimé le jeu de caméra, l’ambiance générale, et cette actrice qui joue à la perfection le rôle de cette toute jeune fille tenace et têtue dans son refus d’emprisonnement. Et ce malgré tout le respect qu’elle a pour ses parents et l’institution religieuse, malgré les humiliations, pressions psychologiques et violences physiques. J’en étais tendu et révolté, alors que je connaissais l’histoire, tant je me suis pris au jeu de la réalisation sans faille.
Pauline Etienne est pour moi une grande révélation. Je ne la connaissais pas et l’ai trouvé époustouflante, toute en émotion, de retenue et très marquante. Ce qui détonne d’avec Isabelle Huppert (La porte du paradis), pourtant loin d’être mauvaise mais qui décidément n’arrive pas à être plus naturelle. C’est plus nuancé pour Louise Bourgoin (Un heureux événement) qui n’est pas loin d’être excellente, mais qu’un petit quelque chose ripe de travers. Très belle prestance de Martina Gedeck, convaincante et émouvante. Terrible Françoise Lebrun (Holiday), Agathe Bonitzer (Au bout du conte) arrive à être émouvante sans m’avoir vraiment convaincu, Alice de Lencquesaing (Polisse) est très parfaite, comme Gilles Cohen (Une pure affaire) s’il est peu présent, est assez méchamment marquant avec sa conviction habituelle dans ce registre.