Si ce film est dans la veine d'Incendies et de Valse avec Bachir, il ne leur ressemble
pas, tant le scénario est d’une approche plus intelligente et plus honnête. Une éditrice, reçoit chaque jour un chapitre du manuscrit d’un survivant des massacres de Sabra et
Chatila, écrit avec une dose émotion qui l’intrigue au plus haut. Découvrant rapidement l’auteur, une amitié va se lier mais surtout un intérêt sur les événements passés trente
ans plus tôt. L’occasion pour la réalisatrice Maryanne Zéhil, de faire part de la culpabilité et de l’effort de mémoire sur un épisode
douloureux. Et elle sait de quoi elle parle étant libanaise installée au Québec, journaliste ayant vécu de très près les guerres, massacres et atrocités, issue d’une éducation moyen-orientale,
son expérience et le recul nécessaire lui donne la crédibilité de son message. Certes, les chrétiens ne sont hélas pas les seuls dans cette guerre civile à avoir été responsables d’exactions, eux
même ont été plus souvent à leur tour victimes de massacres horribles et massifs. Mais c’est tout à son honneur, au nom de sa communauté de faire le pas du pardon, en attendant que les autres
responsables en fassent autant. Elle apporte une très belle réflexion sur la responsabilité des mères sur leurs enfants avec la transmission des valeurs archaïques tels que le respect des
traditions religieuses, de la soumission des femmes, de la vengeance ou code d’honneur. La vengeance n’apportant que la vengeance, la haine et le malheur à l’infini. C’est une remarque que je me
suis souvent faite. Pour que dans toute religion se perdurent toutes les atrocités, il faut à la base les mères. Celles qui élèvent dès le premier jour leurs progénitures dans une éducation,
certes imposées à la base par des hommes, mais pérennisées par elles-mêmes. J’ai aimé cette phrase que prononce le protagoniste « Sans la rigidité des femmes, la société évoluerait ».
Non qu’il faille leur faire porter le chapeau du malheur du monde, ce serait trop facile, mais leur faire prendre conscience du pouvoir qu’elles ont de faire changer les choses. Les hommes ont
leur large part. Alors, imaginons un instant, I have a dream, juste une petite seconde, si quatre milliards de femmes demain matin se mettaient à élever leurs enfants dans le respect de la
femme et de la dignité humaine en générale, ne vivrions nous pas au paradis ? I dreamed. La réalisation est très belle avec une mise en scène fluide, toute en subtilité, peu de dialogue, et
des interprètes de qualité.
Ainsi Nathalie Coupal est excellente, tout comme Joseph Antaki est très émouvant. Henri Chassé comme Sophie Cadieux ou Nathalie Mallette sont l’excellents. Il en est de même de Wafa Tarabey et Leyla Hakim terriblement marquantes.