Si le film est très beau, il est tellement évasif qu’on ne saisi pas forcément trop bien ce qui se passe. L’histoire d’une jeune fille, placée de foyer et familles d’accueil successives à la suite de l’incarcération de sa mère pour meurtre, est souvent limite confus. C’est à force de se fier à notre instinct, que l’on pense deviner, sans en être sûr de ce qui semble s’être passé, qu’on en arrive à comprendre les tenants et aboutissants. La seule certitude que j’ai eu très vite, c’est que l’on ne nous raconte pas tout, d’où aussi cette impression douloureuse et perdue de la jeune fille. Il faut dire qu’elle est ballotée d’un foyer à un autre, avec des pertes de repères, expliquant ses difficultés de vie sociale. Adapté du roman de Janet Fitch, le livre est en effet beaucoup plus dense et plus sombre, à en lire le résumé. Puis en faisant la comparaison entre film et roman, on comprend beaucoup mieux à quel point il y a de manques tant l’histoire à été allégée. C’est dommage, même si ça n’enlève pas la qualité narrative de la trame, peut-être même que cela donne sa force. Les émotions sont suffisamment puissantes sur cette relation mère fille des plus troubles et destructrices. Je regrette les mêmes profils très clichés accrochés à tous les hommes qui sont tous des salauds trompant leurs femmes pour des filles plus jeunes. La réalisation est très belle, l’évolution des protagonistes et le talent des actrices qui éclate et rend à ce film sa grande force. Ainsi, Alison Lohman (Nos souvenirs brulés) est extraordinaire de présence et d’émotion, Mieux que toutes, la très belle Michelle Pfeiffer (People like us) est d’une force incroyable qui fait froid dans le dos de talent. J’ai adoré Renée Zellweger, qui exprime en un regard, en un geste toute la désespérance de son personnage. Robin Wright est monstrueusement géniale. Les hommes ont des portraits moins flatteurs mais arrivent à s’imposer également, tel Patrick Fugit, Cole Hauser ou Noah Wyle.