Un très beau western qui apporte
de nombreuses et étonnantes originalités au genre. Pourtant, l’histoire commence de manière assez classique. Un homme entre dans un saloon à la recherche d’un homme qu’il veut tuer… et puis on
fait la connaissance des lieux et des protagonistes. Deux frères, l’un au lourd passé de tueur, l’autre chien fou excité qui revient de la ville avec une jolie fiancée. Un riche propriétaire
terrien qui impose une interdiction d’armes et prône une société non violente. Car l’originalité principale dans cette histoire, c’est de désigner tous ces tireurs à la gâchette facile et aux
morts nombreux, comme des assassins, des criminels de droit commun que le far west ne peut pas justifier. Pas de héros meurtriers donc, pour une société plus juste et respectueuse. De fait, quand
le petit frère dérape et prend gout au sang, l’histoire bascule et prend une tournure dramatique vers une fin extraordinairement audacieuse et à ma connaissance du jamais vu dans un western. Le
suicide n’est pas dans l’esprit
cowboy. En plus d’une très belle histoire, il y a cette magnifique réalisation aux images d’une vraie petite ville dans un paysage d’une merveilleuse nature aux couleurs chatoyantes et de
plénitude où la mort violente n’a pas sa place. Les personnages, s’ils sont stéréotypés, le sont pour une fois à bon escient. Tous représentent un rêve d’une vie meilleure. L’un la tranquillité
pour tous, l’autre redevenir un autre homme, ou la jeune femme redémarrer une nouvelle vie loin des saloons tumultueux. Il y a une très grand modernité dans ce film, avec une pointe d’humanité et
de tendresse que je ne me souviens pas avoir vu ailleurs. Pas de violence gratuite, pas de valorisation de la force et de l’humiliation, pas de bons et méchants. Juste un grand bol d’air frais
qui hante longtemps. Robert Taylor maitrise son rôle avec beaucoup d’élégance et de sincérité. Le tout jeune John Cassavetes est extraordinaire de vivacité, d’émotion et de force, qui donne une impression de très grand acteur. La jolie Julie London apporte aussi une particularité en comparaison des filles de l’ouest avec un jeu qui en dit long sur le vécu de son personnage,
Donald Crisp, comme Charles McGraw et Royal Dano sont très marquants et remarquables. Et j’adore Bertrand Tavernier nous conter en
suppléments son amour du genre avec son style très personnel.