Etrange, plus qu’étrange, mais pas forcément désagréable, bien que troublant. Dans un Montréal
futuriste, un triangle amoureux entre un très vieux musicien, une jeune photographe et un créateur d’instruments de musique. Le tout au moment où les premiers hommes vont marcher sur la planète
Mars… L’histoire est très particulière dans la mesure où la relation amoureuse avec 48 ans d’écart d’âge entre la jeune femme et le vieillard me laisse dubitatif quand même sur l’étrangeté de
leurs attirances. Et le côté sexuelle m’écœure assez, je dois bien le reconnaitre. Pourtant, la mise en scène est envoutante, avec un décor, un environnement très kitch qui oscille entre
modernité –avec la patte du dessinateur de bandes dessinées François Schuiten (Les cités
obscures)- et antiquité sans qu’on sache vraiment à quel moment temporel on se trouve.
Le concept de Johannes Kepler, la mise en scène soignée, et l’excellence du jeu des acteurs, donnent une crédibilité à l’ensemble.
Adapté d’un roman-photo, dont on en sent bien la construction, je me suis laissé aller à une sorte de léthargie poétique partagé à une sorte de stupéfaction incrédule. J’ai beaucoup aimé aussi le
concept d’instrument de musique selon des corps de femme. C’est souvent comique, parfois émouvant, un tantinet ridicule, et pourtant ça fonctionne. Mais je dois reconnaitre aussi que le cinéma
québécois a son style et de l’originalité que j’aime beaucoup. Bizarre donc et plus qu’étrange…
Jacques Languirand arrive à donner à son personnage en côté attachant et quelque peu naïf, face à la très jolie Caroline Dhavernas (Une famille très moderne, Lost and delirious) qui dégage une volupté intrigante, et Paul Ahmarani excellent d’émotion. Robert Lepage apporte ce sentiment de recul nécessaire à l’ensemble, et il en faut.