Depuis le temps que Platinoch m’avait prêté ce film et que je ne me laissais pas tenter…
deux ans ? J’en ai presque honte mais j’ai enfin fini par le voir et avec un très grand plaisir. C’est réellement un très beau film terriblement émouvant. Euzhan Palcy (Une saison blanche et sèche) alors toute jeune, qui avec une passion et un culot
rare, a réalisé d’après l’œuvre antillaise de Joseph Zobel cette petite merveille. A partir de ce livre autobiographique, est illustré
l’enfance d’un gamin de la Martinique des années trente, que la grand-mère pousse à l’étude pour éviter le pénible travail de coupeur de cannes à sucre. L’esclavage n’était plus dans les faits,
mais dans la réalité, un vrai combat continuait avec l’éducation comme porte ouverte à la vraie et complète liberté. C’est une très belle reconstitution d’une époque, de conditions de vie
précaire et de rapports sur la dignité humaine où le mépris de l’autre et de soit était très forte. Je regrette juste que le créole parlé ne soit pas plus sous titré, car j’ai eu un peu de mal à
comprendre certaines expressions. Mais dans son ensemble, le film est beau, faisant parfois penser à du Marcel Pagnol dans ses grandes
heures. J’ai aimé le combat acharné de cette grand-mère pour son petit fils, j’ai été ému par les enfants comme par le vieil homme qui rêve de l’Afrique quant tant d’autres renient leurs racines
ayant tellement été rabaissés. Le jeune Garry Cadenat est excellent de candeur et de tendresse face à Darling Legitimus (grand-mère de Pascal Légitimus) tout simplement extraordinaire. Douta Seck est bluffant dans un jeu qu’il maîtrise avec une émotion rare. Dans les bonus, j’ai beaucoup aimé les interventions de la réalisatrice qui sont
passionnantes sur la conception du film.