Dans cette très sympathique comédie romantique, on se croirait dans un Saint Exupéry avec le charme et l’ambiance de
l’Aéropostale genre Vol de nuit. Au sein d’un petit aérodrome de fin des années trente, débarque d’un navire en escale une jolie passagère
tombant follement amoureuse du directeur de la compagnie… Prétexte pour nous montrer la vie et les risques d’un métier fascinant mais meurtriers, que les pilotes affrontaient à cette époque avec
leurs zincs de bois et de toile. Il est vrai que balloter par les vents des Andes, souvent dans la brume et sous des pluies battantes entre les montagnes, ce ne devait pas être de la tarte. Le
film aborde à travers divers personnages hantés par leurs passions, l’aviation et l’amour, dans des relations tout aussi tumultueuses que burlesques. Se greffe par dessus, des rancœurs, des
rivalités mais aussi la solidarité. C’est superbement réalisé par Howard Hawks, lui-même officier de l'armée de l'air pendant la première
guerre mondiale, dont on sent sa passion et son l’admiration pour les pilotes. Petite touche appréciable pour ce réalisateur, qui donne aux femmes des rôles forts face au machisme ambiant. De
fait, l’excellente Jean Arthur tient tête avec charme, humour et ténacité à un Cary
Grant tout aussi talentueux et bourré d’humour, dans une situation lourde et grave. Le film alterne légèreté et frivolité face au risque et à la mort. Rita Hayworth, dont la scène de retrouvaille avec le directeur rappel celle de Gilda, est émouvante
de tendresse et de beauté. Les autres interprètes tels Thomas Mitchell à la carrière très riche, est puissant de présence. Il en est de même
pour Richard Barthelmess, qui est imposant. Comme quoi certains films du début du siècle précédent gardent leur force et leur
fraicheur.